La médecine du crime. Essai sur l'émergence d'un regard médical sur la criminalité en France (1785-1885) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 1997

La médecine du crime. Essai sur l'émergence d'un regard médical sur la criminalité en France (1785-1885)

Résumé

This study examines the birth and growth of a medical view in criminality in France. The first part make an inventory of the context on the end of Ancien Regime and it analyses particularly the changes in sciences of man in relation with the new institutions during the French revolution. French physicians and anthropologists took an interest in criminals and theorized their behaviors before the famous italian positivist school. French theorizing in this area developped in the early beginnning of the XIXth century with the concept of Esquirol’s « monomanie homicide » and phrenology, the later gaining wide acceptance under the July Monarchy. Paul Broca, leader of anthropology in France, was interested incidentally in the pathology of crime but it is Lombroso’s Uomo delinquente, which through the reactions it provoked, led to the development of this type of studies in France. In opposition to Lombroso, the forensic physician Lacassagne created in Lyon in 1885 a review of criminal anthropology which will continue to appear until 1915. His school of « Milieu social », took a very different viewpoint from durkheimian sociology. In fact, Lacassagne wasn’t so far from Lombroso than he said, and his approach was also in a medical frame. Morel’s theory of degeneration deserves mention for the importance it gained at the end of the century with Magnan, a psychiatrist who « regenerated » the concept of « monomanie homicide » in an « impulsion morbide » This analyses give an overall view of the most important trends of criminal anthropology. An attempt is also made to unterstand how the medicalization of deviance was possible and it’s historical conditions of emergence.
La périodisation du thème a été construite à rebours de l’historiographie en prenant pour bornes chronologiques les années qui précèdent la fin de l’Ancien Régime et celles des grands débats théoriques autour de l’anthropologie criminelle et du droit pénal à la Belle-Époque. Elle part d’un contraste : alors qu’il n’existe quasiment pas de discours médical sur le passage à l’acte du criminel dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la volonté d’utiliser la médecine pour lutter contre la criminalité est perceptible dès le début du XIXe siècle. Que s’est-il passé ? La première partie de l’enquête (1785-1808) tente d’établir la logique d’une telle évolution en évoquant la transformation des institutions et des discours sur l’homme qui s’opère entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle. Le passage d’une société d’ordre à une société des individus fondée sur la philosophie politique du contrat social a profondément renouvelé le rapport des individus aux institutions, la question du contrôle social et la légitimité du droit de punir. Cette nouvelle conception du lien social - qualifiée ici d’« idéalisme juridique » - explique à la fois la réforme pénale et la naissance de la psychiatrie. Le paradoxe réside dans le fait que c’est exactement au moment où la démocratie émancipe les individus d’une autorité extérieure (la religion) que les discours savants (droit, médecine, philosophie, anthropologie...) remettent en cause le libre arbitre en invoquant des asservissements intérieurs (liés à l’absence de propriété, à l’âge, au sexe, aux instincts animaux, à la race etc.). L’événement est essentiel car nos sciences humaines contemporaines fondent leur projet sur l’inventaire de ces asservissements. La seconde partie (1808-1848) décrit le développement de la médecine du crime. Cette étape, qui désigne le passage du stade des énoncés épars à la théorisation, s’incarne essentiellement dans la première moitié du XIXe siècle dans la doctrine phrénologique de Gall et dans la nosographie d’Esquirol. Le mouvement phrénologique français n’ayant suscité aucune recherche d’ensemble depuis l’œuvre référentielle de G. Lantéri-Laura, on dresse ici un tableau précis de l’évolution de cette science en prenant pour cadre le contexte socio-politique et en faisant intervenir simultanément l’étude des institutions qui lui sont dédiées et la diversité des positionnements théoriques. La troisième partie (1848-1885) inaugure un moment de diffusion de l’image du criminel-malade, qui s’étend au delà de la seule communauté des médecins pour s’ancrer dans les représentations sociales des élites. Cette nouvelle période est marquée par plusieurs évolutions très importantes. Il y a d’abord la théorie des dégénérescences de Morel qui cherche à surmonter les limites de la classification d’Esquirol et tente de pallier les difficultés rencontrées par les aliénistes dans le champ de l’expertise médico-légale. Il y a ensuite l’essor du positivisme, du transformisme, du lamarckisme et de l’évolutionnisme social. Ce sont là autant de facteurs qui, une fois rappelés, permettent de comprendre les conditions de réception en France de la célèbre théorie du « criminel-né » de Lombroso, la multiplication des études de craniologie criminelle, la « naissance » de la psychologie des foules criminelles et le vote de la loi de relégation des récidivistes du 27 mai 1885, qui clôt symboliquement cette étude.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01448417 , version 1 (27-01-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01448417 , version 1

Citer

Marc Renneville. La médecine du crime. Essai sur l'émergence d'un regard médical sur la criminalité en France (1785-1885). Presses universitaires du Septentrion, 1997, 2-284-00220-X. ⟨hal-01448417⟩
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