Pris entre deux feux : l’abbé Hugo Obermaier, professeur de l’Institut de paléontologie humaine, et la Grande Guerre
Résumé
L’objet de cet article est d’analyser les conséquences de la Grande Guerre sur la vie et travaux d’Hugo Obermaier (1877-1946). Le parcours professionnel de ce prêtre catholique, géologue et préhistorien est marqué par la tension entre une science qui se voulait internationale et la construction des identités nationales, y compris dans le domaine de la recherche, ainsi que par la mobilité géographique, en partie choisie et en partie forcée par les circonstances. D’origine allemande, il fait ses études à Vienne et en 1911 il est nommé professeur de géologie appliquée à la préhistoire à l’Institut de Paléontologie Humaine (IPH) fondé par Albert Ier de Monaco à Paris. Le déclanchement de la Grande Guerre le surprend en Espagne, où il dirige les fouilles du Castillo. Dans l’impossibilité de quitter ce pays à cause de la neutralité espagnole, il voit son engagement professionnel à l’IPH prendre fin. À partir de ce moment-là, Obermaier va poursuivre sa carrière scientifique à Madrid, d’abord au sein de la Comisión de investigaciones paleontológicas y prehistóricas et ensuite à l’Université Centrale, où il deviendra le premier titulaire de la chaire de préhistoire en 1922. Son parcours est donc le témoin d’une période crucial pour la consolidation de la discipline préhistorique, ainsi que de la difficile rencontre entre internationalisme voulu et nationalisme vécu dans le domaine scientifique.