“Le charme discret de la biologie: la tentation taxinomique dans les romans de Margaret Drabble”
Résumé
Depuis la parution de The Radiant Way en 1987, la biologie nourrit tout un réseau de métaphores dans l’œuvre romanesque de Margaret Drabble. Dans ses chroniques de l’Angleterre contemporaine, la voix narrative est tour à tour engagée dans une satire féministe et détachée par son observation scientifique. L’anatomie de la société contemporaine dépend d’un rapport analogique entre discours biologique et analyse sociologique ; au fil de l’œuvre, le paradigme évolutionnaire affirmé dans les romans des années 80 et repris dans The Peppered Moth (2000) cède le pas aux « mystères du diagnostic » soulignés par son dernier roman, The Pure Gold Baby (2013). L’analogie entre sociologie et biologie devient ainsi de plus en plus problématique : si elle permet à l’auteur d’interroger les déterminismes à l’œuvre dans le destin de ses personnages, elle constitue néanmoins une structure discursive dont la voix narrative se méfie. Cette communication présentera les métaphores biologiques et médicales qui sous-tendent l’écriture de Drabble, ainsi que l’ironie qu’elle développe vis-à-vis du discours scientifique alors même qu’il devient plus thématique dans ses œuvres. Tandis que ses personnages tentent d’échapper à leurs destinées sociales et biologiques, et de contredire ainsi les taxa qui les définissent, l’écriture semble petit à petit s’inscrire en faux contre sa propre posture scientifique.