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Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Étranges interactions

Résumé

Au début de la deuxième moitié du siècle dernier, alors qu'Erving Goffman développait sa réflexion sur la microsociologie des interactions quotidiennes, un anthropologue américain travaillant au service de son gouvernement s'intéressait aux interactions sociales dans différentes sociétés et plus globalement aux différences culturelles et à leur impact sur la communication. Ce contemporain de Goffman, Edward Twitchell Hall, est très souvent présenté comme le fondateur de la communication interculturelle en Occident, dans les ouvrages et les articles qui portent sur ce champ de recherche (Poutiainen 2014, 3). Même si les travaux en communication interculturelle se réfèrent souvent à ceux du sociologue canadien (infra), les Sciences de l'Information et de la Communication (SIC) font traditionnellement la distinction entre la communication interpersonnelle « ordinaire », impliquant les membres d'une même culture, et la communication interculturelle, entre individus de nationalités différentes. Une cinquantaine d'années plus tard, le champ de la communication interculturelle s'est enrichi de toute une panoplie d'approches, de théories et de perspectives pour penser les différences culturelles, y compris dans les interactions. Dans un ouvrage se donnant pour objectif de recenser cette diversité, Helen Spencer-Oatey et Peter Franklin (2009) distinguent cependant deux approches fondamentales et souvent opposées au sein de ce champ de recherche : d'une part l'approche « comparative », traditionnelle et bien implantée, et d'autre part l'approche « interactionnelle », plus récente et encore assez peu développée. La première approche s'intéresse aux différences culturelles nationales sur le plan macro-social, expliquent les auteurs, brossant à grands traits des portraits culturels de différentes sociétés. La deuxième approche aborde plutôt les interactions interpersonnelles sur le plan microsocial, interactions qui impliquent des individus porteurs de multiples répertoires culturels (nationaux, mais aussi professionnels, organisationnels, ethniques, régionaux, locaux…), et s'intéresse à la manière dont ils se mettent en scène, adaptent leurs comportements les uns aux autres et négocient le sens au cours d'une interaction, malgré les éventuelles différences culturelles nationales. Pour le lecteur de Goffman, cette deuxième approche n'est pas sans rappeler, par certains égards, l'objet d'étude du sociologue des interactions. Alors que Spencer-Oatey et Franklin soulignent la nécessité de développer un cadre conceptuel permettant de comprendre les dynamiques interactionnelles à l'oeuvre dans la communication entre étrangers, ce chapitre propose de revisiter l'oeuvre de Goffman pour déterminer dans quelle mesure elle pourrait éventuellement contribuer à combler ce manque épistémologique. Nous procéderons en trois temps, afin d'examiner (i) la manière dont Goffman conçoit les interactions avec les étrangers ; (ii) les influences historiques de ses travaux sur le champ de la communication interculturelle ; et (iii) les apports possibles à l'étude
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Dates et versions

hal-01429636 , version 1 (02-05-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01429636 , version 1

Citer

Alexander Frame. Étranges interactions : Cadrer la communication interculturelle à l'aide de Goffman ?. Actualité d’Erving Goffman, de l’interaction à l’institution, 2015. ⟨hal-01429636⟩

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