Pouvoir d’employeur et normalisation du travail des sous-traitants. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Pouvoir d’employeur et normalisation du travail des sous-traitants.

Résumé

La crise est envisagée ici comme l'occasion de diffusion d'un nouveau modèle productif. Sur la base d'un rapport de force détérioré pour les salariés, l'emploi précaire s'est substitué à l'emploi stable. Le recentrage des plus grandes entreprises sur leur « cœur de métier » s'est traduit par le recours généralisé à la sous-traitance. Le contrôle du travail réel par le donneur d'ordre en est d'autant plus nécessaire. A l'éclatement de l'emploi répond la normalisation du travail. Cette normalisation prend de multiples formes, depuis la définition d'une norme temporelle pour le temps imparti à la tâche déléguée, jusqu'à la prescription des gestes et procédés. Le pouvoir normatif s'impose ainsi sur des entreprises inféodées (Supiot 2015). La technicité affichée, au nom d'une rationalité évoquant celle des bureaux des méthodes d'antan, ne peut masquer l'acte de pouvoir opéré sur le salarié et l'entreprise sous-traitants. Le salarié sous-traitant ne peut s'emparer de ces normes exogènes au travail pour reconfigurer son propre travail et préserver sa santé (Canguilhem 1966). Plus que jamais le travail se présente comme un « support de rapports sociaux » (Vincent 1995), croisement de multiples rapports sociaux de domination et d'exploitation. Que se joue-t-il dans l'activité concrète autour de ces normes ? Les salariés sous-traitants peuvent-il prétendre contester ou moduler ces normes suivant la réalité, malgré un statut social les rendant illégitimes (salariés précaires, souvent issus de l'immigration) ? Nous proposons d'analyser ce « travail de négociation » à partir de la situation concrète de la sous-traitance du nettoyage de la cabine des aéronefs à Roissy. Le temps dévolu à chaque tâche lors de la touchée est le vecteur de l'encadrement de ce travail. Le rapport hiérarchique autoritaire basé sur le contrôle du temps, norme non négociable, se substitue à la négociation de contrôle avancée par J.-D. Reynaud, au point d'interroger la pertinence de cette approche théorique. La négociation informelle du travail ne peut être que marginale et clandestine, portant sur les aspects mineurs du travail tel que la qualité du travail de nettoyage. Les entretiens avec les salariés sous-traitants du nettoyage des avions, déjà menés au début des années 2000 et à mener aujourd’hui dans une perspective diachronique, permettent d'interroger les évolutions de cet environnement normatif.
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hal-01408802 , version 1 (07-12-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01408802 , version 1

Citer

Louis-Marie Barnier. Pouvoir d’employeur et normalisation du travail des sous-traitants. . Quinzièmes journées internationales de sociologie du travail (JIST), « Crises et mondes du travail », May 2016, Athènes, Grèce. ⟨hal-01408802⟩

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