Intérêt des kystes de dinoflagellés calcaires et du biomicrofaciès pélagique dans la datation des terrains du sommet du Jurassique et de la base Berriasien dans le domaine téthysien occidental
Résumé
L’étude du biomicrofaciès d’un abondant matériel provenant de plusieurs coupes situées dans trois domaines paléogéographiques distincts et éloignés : Rif externe (Maroc) ; Bassin vocontien (SE France) et Tunisie septentrionale, confirme l’intérêt des associations des principaux groupes de microfaunes pélagiques dans la datation des terrains du Jurassique supérieur et de la base du Berriasien au sein de la Téthys occidentale. Parmi ces groupes, les crinoïdes saccocomidés, qui apparaissent fréquemment dans l’Oxfordien moyen, montrent, dans les trois bassins, une abondance à partir de la zone à Hybonotum et dominent par la suite la microfaune pélagique jusqu’à la disparition relative du groupe au sommet du Tithonien supérieur. Les kystes de dinoflagellés calcaires (dinokystes calcaires), dont deux espèces nouvelles, permettent de définir 10 biozones, dont 7 au moins, ont une valeur générale dans le domaine téthysien. Les biozones, définies tant pour les dinokystes calcaires que pour les saccocomidés, sont corrélées aux zones standards d’ammonites et de calpionelles. Parmi les autres groupes pélagiques, les protoglobigérines, abondantes dans l’Oxfordien supérieur et à la base du Kimméridgien (zone à Platynota), sont rares, voire absentes dans les niveaux sus-jacents ; les microfilaments montrent dans les séries du Rif externe et du Nord de la Tunisie deux niveaux d’abondance, respectivement dans les zones à Divisum et à Beckeri, et disparaissent au sommet de cette dernière zone ; les chitinoidelles permettent de caractériser les niveaux de passage Tithonien inférieur (zone à Ponti)-Tithonien supérieur (zone à Microcanthum) ; les calpionelles, apparaissant au sommet de la zone à Microcanthum, sont dominées par les espèces du genre Crassicollaria dans la zone à Durangites et Calpionella alpina dans la zone à Euxinus (base du Berriasien). Les Globochaete, souvent présents, ne deviennent réellement abondants qu’à partir de la base du Tithonien inférieur (zone à Hybonotum) et sont toujours abondants dans le Tithonien et le Berriasien inférieur. Les radiolaires montrent des répartitions stratigraphiques irrégulières. En utilisant ces différents groupes fossiles, 13 biozones d’extension concomitante sont définies pour l’intervalle stratigraphique étudié ; elles correspondent respectivement à l’Oxfordien supérieur-base du Kimméridgien (zone à Platynota), les zones à Hypselocyclum, Divisum, Acanthicum-Eudoxus, Beckeri, Hybonotum, Darwini-Semiforme, Fallauxi, Ponti, Microcanthum pro parte, partie supérieure de la zone à Microcanthum et inférieure de la zone à Durangites, partie supérieure de la zone à Durangites et inférieure de la zone à Euxinus. Le présent travail vise à établir une zonation biostratigraphique, meilleure et pratique, des dépôts du Jurassique supérieur et de la base du Berriasien des bassins de la Téthys occidentale, notamment en l’absence d’ammonites.