Ecrire, prescrire, proscrire. Notes pour une sociogénétique de l'écrit bureaucratique - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Actes de la Recherche en Sciences Sociales Année : 2016

Ecrire, prescrire, proscrire. Notes pour une sociogénétique de l'écrit bureaucratique

Résumé

The sociogenetics of writing developed in this article is an invitation to understand bureaucratic texts as they are being produced and “in action,” as it were, to focus on the modus operandi of their utterance, and to take seriously the written word as both the outcome and the enabler of a given bureaucratic space and a specific bureaucratic rationality. In particular through signature and acronymization, bureaucratic writing contributes both to depersonalizing the social relations on which it is based and to personalizing institutions, which are elevated to the status of “authors.” The documentary management of officialdom, through its classification or its leakage, sheds light on the tensions between the public and the private life of the written word and its circuits of legitimation. The sociogenetics of expertise practices also gives a concrete edge to a sociohistory of epistemocratic rationality. The research strategy that is proposed here consists in disrupting the traditional dichotomies of the analysis of symbolic forms (internalism vs externalism, texts vs context, author vs reader, sender vs receiver, official vs non-official, public vs private) and in putting in conversation fields that may be dispersed yet share an interest in documentary practices (anthropology of literacy, literary genetics, sociology of the fields of cultural production, sociology of texts and institutions).
La sociogénétique de l’écrit défendue dans cet article invite à saisir les écrits bureaucratiques en cours de fabrication et en action, à s’intéresser au modus operandi de leur énonciation, à prendre au sérieux la forme écrite comme produit et comme producteur d’un espace et d’une rationalité bureaucratiques donnés. L’écriture bureaucratique, en particulier grâce à la signature et la siglaison, est ainsi comprise comme carburant de dépersonnalisation des rapports sociaux qui la portent et simultanément de personnalisation des institutions, érigées en « auteur ». Dans la gestion documentaire de « l’officiel », par le marquage du document ou sa « fuite », se mettent au jour les tensions entre vie publique et vie privée de l’écrit et ses circuits de légitimation. La sociogénétique des rapports d’expertise donne enfin une prise efficace à une sociohistoire de la rationalité épistémocratique. La piste de recherche proposée incite donc à bousculer les couples d’opposition usuels d’une analyse des formes symboliques (internalisme/externalisme, texte/contexte, auteur/lecteur, émetteur/récepteur, officiel/officieux, public/privé) et à mettre en dialogue des courants d’études dispersés mais tous intéressés aux pratiques documentaires (l’anthropologie de la literacy, la génétique littéraire, la sociologie des champs de production culturelle, la sociologie des textes et des institutions).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01400626 , version 1 (22-11-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01400626 , version 1

Citer

Vincent Gayon. Ecrire, prescrire, proscrire. Notes pour une sociogénétique de l'écrit bureaucratique. Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2016, 213 (3). ⟨hal-01400626⟩
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