Organisation et téléologie en biologie, une approche constructiviste
Résumé
Le langage téléologique en biologie est à la fois utile et problématique. Il est utile car en biologie la connaissance des effets produit une lumière sur les causes inédite par rapport à la physique. Mais, toute science à vocation naturaliste veut s’en passer en raison de son côté métaphysique. Pour neutraliser ce côté métaphysique, tout en gardant la pertinence de ce langage, différentes perspectives ont essayé de rabattre la téléologie sur la causalité efficiente tel qu’elle a cours dans les autres sciences. Ici nous prenons en compte la tradition organiciste. Cette tradition s’inspire de Kant, mais, contrairement à Kant, qui semble nier cette possibilité, elle propose de naturaliser la téléologie en la dérivant d’un bon modèle d’organisation en tant que système circulaire d’auto-maintien différentié et clos. Nous montrons que, en réalité, la téléologie n’est pas dérivée, mais plutôt présupposée comme la forme logique des modèles censés la naturaliser. Cependant, nous pensons que présupposer la téléologie comme forme logique a une légitimité dans ce cadre. Nous allons, donc, justifier l’emploi de la téléologie en tant que principe constitutif. Notre approche constructiviste nous amène à considérer que la cause efficiente en physique est aussi un principe constitutif qui demande des conditions théoriques. Au lieu de trouver les moyens de rabattre la téléologie sur la cause efficiente, nous essayons de détecter quelles sont les conditions pour faire de la cause téléologique un bon moyen constitutif pour la biologie.