Création d’un score d’évaluation du risque de symptômes musculo-squelettiques basé sur des facteurs professionnels
Résumé
Objectif
L’objectif de ce travail est la création d’un score d’évaluation du risque de symptômes musculo-squelettiques (SMS) chroniques des membres supérieurs, uniquement basé sur des données d’exposition professionnelle aux déterminants biomécaniques, psychosociaux et organisationnels. Ce score ne prenant pas en compte les facteurs individuels, permettra de classer les situations de travail devant bénéficier d’une action de prévention.
Méthodes
L’échantillon d’étude était constitué de 1749 salariés recrutés lors de la phase d’inclusion de la cohorte des salariés ligériens (COSALI). Les facteurs organisationnels, biomécaniques et psychosociaux et les variables associées aux SMS chroniques ont été recueillis par auto-questionnaire. Un score a été créé selon trois méthodes statistiques : une régression logistique binaire, une analyse en clusters suivie d’une analyse par arbre de décision et une modélisation par classes latentes. Chacune de ces méthodes est susceptible d’entraîner la création de scores différents.
Résultats
L’area under the curve (AUC) obtenu par la régression logistique était de 0,75 contre 0,66 pour l’analyse en clusters et 0,65 pour l’analyse en classes latentes. La régression logistique a donc été retenue pour la création du score. Les facteurs associés aux SMS chroniques des membres supérieurs étaient l’intensité élevée des efforts physiques ressentie (échelle RPE de Borg), la répétitivité des gestes plus de 4 h/j, la flexion du coude plus de 2 h/j, l’utilisation de la pince pouce-index plus de 4 h/j, la possibilité d’influencer le déroulement de son travail et l’aide des collègues. Le score a ensuite été créé à partir des paramètres estimés de la régression logistique, il s’étend de −1 à 15. Par exemple, 66 % de l’échantillon a un score supérieur ou égal à deux. Pour ce seuil, la valeur prédictive négative est de 93,4 %.
Conclusions
Selon le seuil choisi, le score aboutit à une forte valeur prédictive négative. Il pourrait constituer un outil utile aux préventeurs en entreprise afin de cibler l’effectif pour lequel il n’est pas indispensable de mettre en place des actions de prévention. Néanmoins ce score ne permet pas de prédire avec confiance les salariés qui seront atteints de SMS. Pour avoir un score plus performant, il faudrait intégrer des facteurs individuels tels que l’âge et le sexe, mais la caractérisation par situation de travail n’est alors plus envisageable.