L'art déformé ou l'art des formats ?
Résumé
La notion de "format" et la critique du "formatage" ont fait florès en France depuis plus d’une dizaine d’années à propos tout d’abord du documentaire. Devenu synonyme des différentes formes de standardisation imposée au documentaire par la télévision, le format est aussi devenu le nouveau nom pour critiquer la standardisation dans tous les genres audiovisuels. La notion de formatage émerge publiquement au tournant de l’année 2000 dans le discours des documentaristes, en particulier pour marquer leur déception à l’endroit de La Sept devenue Arte et, plus généralement, leur opposition face au média télévision, leur principal financeur et voie d’accès à la reconnaissance, au moment où elle ouvrait alors les vannes à la télé-réalité et à la démesure de la prétention de celle-ci à la restitution du « réel ». S’appuyant sur des travaux menés depuis des années autour de ces notions et de leurs enjeux, Guillaume Soulez retrace leur histoire et en décrit toutes les facettes selon les acteurs. Est notamment pris en compte le point de vue du spectateur, sa résistance à la standardisation et le développement d’une culture audiovisuelle, qui attestent d'une prise de conscience des enjeux liés à la parole documentaire dans l’espace public.