When Orléans would have been called Orléans-les-Bains
Quand Orléans voulait se nommer Orléans-les-Bains
Résumé
L’intérêt du grand public et des élus pour le Val de Loire est vif (paysages et écosystèmes, cadre privilégié pour les loisirs de plein air) et se marque par un nombre important de projets urbains (Loire trame verte à Orléans) et de festivités (Festival de Loire à Orléans, Beaugency plage, Tous sur le Pont à Blois). Son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le 30 novembre 2000, au titre des paysages culturels vivants et évolutifs, suivie de près par le développement de la Loire à vélo, parachèvent le rayonnement du fleuve royal qui devient ainsi une destination touristique majeure en France et en Europe. Toutefois, cet attrait pour les rives ligériennes n’est pas nouveau. Baignade, canotage, chasse et pêche ont, dès la Belle Époque et durant tout l’Entre-deux-guerres, institué une notoriété nationale à la Loire moyenne qu’il s’agit d’interroger quand, d’une part, les actuelles politiques territoriales dévalue l’histoire récente du fleuve pour légitimer leur action et que, d’autre part, seule la reconnaissance des valeurs historique et culturelles des loisirs ligériens permettra l’édiction d’une politique patrimoniale connectée aux réalités mémorielles locales.
Ainsi, la géohistoire de l’appropriation sociale des bords de Loire repère le développement des loisirs de la Belle Époque aux années 1950 et mesure les mutations générées sur le territoire. Est confirmée l’importance des bains de Loire et du nautisme sur le Loiret qui asseyaient la renommée française de l’Orléanais au temps des premiers loisirs et congés payés : la cité johannique a même brigué la dénomination d’Orléans-les-Bains à la veille de la Seconde Guerre mondiale ! La géohistoire reconstitue également les trajectoires paysagères de ces premières formes de loisirs qui, pour certaines, ont aujourd’hui quasiment disparu (bains et guinguettes) ou, pour d’autres se sont maintenues (pêche et canotage). Il en ressort surtout d’importants héritages matériels et immatériels à remobiliser. L’étude, étayée d’un riche corpus de documents textuels et iconographiques, se focalise sur quelques villes des départements du Loiret (Beaugency, Olivet, Orléans) et du Loir-et-Cher (Blois).