La portée opérationnelle de la géohistoire dans la patrimonialisation des milieux d’eau urbains - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

La portée opérationnelle de la géohistoire dans la patrimonialisation des milieux d’eau urbains

Résumé

La communication s’intéresse à l’actuelle démarche urbaine attachée au traitement esthétique et fonctionnel des cours d’eau et des zones humides, que l’on propose d’étudier par la notion de « requalification urbaine ». Les milieux d’eau stimulent l’urbanisme des villes françaises et européennes depuis deux à trois décennies, faisant l’objet de nombreux projets urbains. « Loire trame verte » à Orléans, « Quais de la Garonne » à Bordeaux, « Maillage vert et bleu » à Bruxelles et « Thames Gateway » à Londres sont autant d’actions conduites dans des villes de taille et de situation variées. Les élus portent un double intérêt aux fleuves, aux rivières et à leurs annexes hydrauliques. Ils cherchent non seulement à stimuler leurs potentiels de nature en ville, de cadre de vie de qualité, de cohésion sociale et d’identité territoriale mais encore à remédier à leur fréquente marginalisation des dynamiques urbaines des XIXe et XXe siècles. Sur ce second point, les responsables locaux en réfèrent aux fonctions économiques déterminantes des eaux courantes et stagnantes, de l’époque médiévale à la fin du XVIIIe siècle, pour légitimer leur action, ce qui révèle l’envergure patrimoniale de la démarche. Dans les faits, les professionnels de l’urbanisme s’exposent à la complexité des milieux d’eau pour mettre en œuvre leur projet hybride et peu formalisé. Cette complexité revêt à la fois des dimensions patrimoniale (variété des héritages culturels et naturels), environnementale (milieux hybrides et anthropisés dynamiques), juridique et administrative (multiplicité des règlements et des interlocuteurs), économique et sociale (diversité des formes de représentation et d’appropriation des paysages). En retour, les acteurs urbains risquent de manquer leur objectif, appliquant par mimétisme de semblables schémas d’aménagement, agissant sur le court terme au rythme du mandat électoral, intervenant de façon sectorielle sur des zones bien identifiées. A contrario, les milieux fluviaux et humides sont riches de leurs singularités morphologiques et culturelles, ont leurs propres temporalités et obéissent au principe de continuité écologique et spatiale. À la lecture de ces enjeux, la communication présente la géohistoire comme un véritable creuset scientifique et opératoire, à même de répondre aux objectifs de la requalification urbaine des milieux fluviaux et humides. Il s’agit d’insister sur les caractères multiscalaire, diachronique, systémique et transdisciplinaire propres à la géohistoire. Cette approche permet en effet de préciser les rapports socio-économiques que les sociétés ont entretenus avec les lieux d’eau, d’éclairer le façonnement et le fonctionnement des paysages, d’apprécier le poids des héritages en place et d’affiner les formes de représentations de l’environnement. Sur le plan théorique, nous démontrerons la capacité de la géohistoire à recadrer conjoncturellement et conceptuellement le processus de requalification. Sur le plan pratique, nous établirons que ce recours dresse un diagnostic précis du territoire investi, ancré dans le temps et dans l’espace, relève des retours d’expérience et des enseignements utiles dans la gestion et la valorisation des corridors fluviaux, élabore aussi des scenarii d’aménagement sous un angle rétro-prospectif. Ce travail s’attelle donc à démontrer la portée opérationnelle de la géohistoire dans la patrimonialisation des milieux d’eau, la présentant à la fois comme une aide à la réflexion, à la décision, à l’action et à l’anticipation. Notre démonstration s’appuiera sur le cas des hortillonnages d’Amiens. Ce site singulier, alternant parcelles de cultures, canaux et étangs sur plus de 300 ha, fait l’objet de convoitises artistiques, écologiques, économiques, identitaires, paysagères, urbanistiques et récréatives qu’il s’agit, pour les acteurs urbains, de cerner et de coordonner afin d’y engager un projet de requalification viable, articulé aux enjeux de gestion. Dans ce cadre, l’exploration de documents d’archives, iconographiques et textuels, remettra en perspective les politiques publiques et associatives qui ont été conduites sur le site durant ces trente dernières années pour mieux se projeter sur le devenir des hortillonnages. Plus qu’un outil de lecture adapté à la complexité des territoires, la géohistoire augure une méthode de travail inédite dans les domaines de l’urbanisme et de la gestion de l’environnement.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01383366 , version 1 (18-10-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01383366 , version 1

Citer

Sylvain Dournel. La portée opérationnelle de la géohistoire dans la patrimonialisation des milieux d’eau urbains : Démonstration à partir de la requalification des hortillonnages d’Amiens. Géohistoire de l’environnement et des paysages, UMR 5602 GEODE, Oct 2016, Toulouse, France. ⟨hal-01383366⟩
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