« Sisyphe et le sucre : réflexions sur Le Bonheur : tableaux et bavardages »
Résumé
Il y a dans l’oeuvre de Delerm une volonté persistante d’affirmation du bonheur ;
mais à tant répéter qu’il est heureux, le locuteur finit par persuader du contraire ; le bonheur
n’est que l’autre nom d’une mélancolie, d’une souffrance ou d’une névrose qui ne veut pas
dire son nom. C’est cet écart cultivé entre le nom bonheur et ses exemplifications qui donne à
l’œuvre d’échapper à la mièvrerie qu’on lui reproche parfois. Ce bonheur trompe-l’œil
s’inscrit dans la description esthétisée d’un quotidien petit bourgeois qui fait la part belle à
l’effort de décoration : le caractérisant est la figure reine de cette prose poétique qui veut
donner du charme à la rassurante consistance des choses. Mais dès qu’elle quitte le monde
artificiel de l’objet, l’écriture retombe sur la question des affects : tristesse diffuse, sentiment
d’impuissance, angoisse. L’art de Delerm consiste à s’accommoder à une finitude ; Delerm
invente la résignation sans aigreur, un affect petit-bourgeois qui n’est pas sans noblesse.
Domaines
Littératures
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)