dialogue, rire, cognition : quelques pistes
Résumé
Le dialogue est considéré ici dans son « flux », pour reprendre l’expression de Wallace Chafe qui parle
de « flow of discourse », ce qui veut dire qu’il est considéré prioritairement dans sa dimension temporelle
et évolutive. Il est observé à travers l’émergence d’un réseau d’espaces mentaux (Gilles Fauconnier 1984)
dont la mise en place nous permet de rendre compte non seulement de l’échange langagier mais aussi de
l’évolution sémantique de l’échange. Un espace mental est un « paquet conceptuel » construit au fur et à mesure que le discours et la pensée se déroulent, un « bout de sens » organisé et structuré en relation avec d’autres bouts sémantiques qui
permettent ensemble de subdiviser l’information sur le réseau. Ce dernier permet en définitive de rendre
compte du sens global de la production linguistique dans son environnement, ce sens global étant perçu
d’une manière multi-échelle. Dans cette perspective, l’« effet risible » dont parle Bergson (1940) émerge de la mise
en place d’un réseau particulier d’espaces mentaux, dont nous faisons l’hypothèse qu’il repose sur un
processus cognitif spécifique qui lui est associé : le « glissement de cadres » ou « Frame Shifting »
développé par Seana Coulson (2001). Ce processus lui-même relève de ce que G. Fauconnier et Mark Turner (2002)
appelle l’Intégration Conceptuelle.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)