Linguistique(s) du discours et stylistique. Point de vue sur l'observable
Résumé
Le parti pris de l’observable est la principale caractéristique, et même un trait définitoire, de la mutation épistémologique capitale qui a marqué la linguistique d’après Saussure, et dont nous n’avons pas fini de mesurer les retombées. Cette mutation qui confronte la puissance explicative des systèmes en langue aux réalités du discours s’est affirmée dans les années 1970 ; elle apparaît, avec le recul qui est le nôtre aujourd’hui, comme une révolution méthodologique . Mais disons-le d’entrée de jeu : l’observable ne se réduit pas aux données sensibles, et il ne se confond pas non plus avec l’existant ; il s’agit d’une notion éminemment « relationniste » qui prend en compte l’interdépendance entre les conditions de l’observation , le regard du chercheur, et l’objet de la recherche . C’est bien pourquoi la mise au jour simultanée du rôle de la subjectivité dans le langage (E. Benveniste, C. Kerbrat-Orecchioni), et son intégration scientifique, n’ont en l’occurrence rien de paradoxal. Je reviendrai sur la place de l’humain et sur les déterminations subjectives à l’honneur dans le changement de nos pratiques, l’abandon de l’immanentisme, et la montée en puissance des linguistiques du discours, parmi lesquelles se situe la stylistique pragmatique (A. Jaubert, La lecture pragmatique, Paris, Hachette, 1990).