DE L'AUTOCRITIQUE À L'AUTOPORTRAIT : SOCIOGRAPHIES D'UN DÉBAT PARLEMENTAIRE SUR LE MODE DE SCRUTIN À LA BELLE ÉPOQUE
Résumé
La mobilisation des députés de la belle époque à propos du changement du mode de scrutin législatif, et particulièrement l'opportunité d'introduire la « représentation proportionnelle » (RP), repose sur un paradoxe : bien qu'étant les premiers intéressés ils ne furent ni les seuls ni même les plus ardents militants de cette cause 1. L'affrontement entre les partisans de la réforme, ceux qui entendent introduire le scrutin de liste (le plus souvent départemental) et la répartition plus ou moins proportionnelle des sièges et ceux qui défendent un simple aménagement du scrutin uninominal majoritaire (dit d' « arrondissement »), donne pourtant à voir une image particulière du monde parlementaire où repères partisans et catégories ordinaires du travail législatif cèdent le pas à une multiplicité d'opérations de représentation dépendantes du vécu de chaque élu et de la propension à le généraliser. L'enrôlement dans ce processus de « réforme électorale » s'impose progressivement et inévitablement à tous même si, évidemment, les modalités techniques restent controversées. Cette convergence minimale sur la nécessaire transformation du mode de scrutin situe le débat législatif entre l'autocritique, via la dénonciation malléable des inégalités de représentation fondant le rapport au corps électoral, et l'autoportrait, qui apparaît moins comme la compensation complaisante de l'autocritique que comme sa continuation évidente poussant à l'inflation de visions alternatives du rapport aux représentés 2. Il ne saurait être question de reproduire les idiomes de cette controverse et de rejouer la partie pour déterminer les qualités et défauts respectifs du scrutin majoritaire et de la « RP ».
Domaines
Science politique
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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