Le paradigme des publics dans la muséologie des années 1990
Résumé
Dans les années 1990, le courant de la muséologie d’essence anglo-saxonne, a modifié en profondeur l’approche des publics. Au lieu de supposer un public homogène composé de visiteurs-types, il s’agit alors de prendre acte de la diversité des expériences. D’un côté, la notion de publics, au pluriel, remplace celle du public. En même temps, au lieu d’être la présentation d’un message destiné à y être intégré, le musée est alors considéré comme un dispositif offrant une multitude de possibilités de réinvestissement et d’interprétations. Cette évolution dans la conception de la communication semble, cependant, ne pas avoir été poussée dans ses retranchements par la plupart des muséologues de cette période. Si les modèles qu’ils proposent s’attachent à comprendre ce qui fait que chaque visite est individuelle, l’usage qu’ils en proposent est, d’un côté, de définir une typologie des caractéristiques a priori des visiteurs et, de l’autre, de permettre aux institutions de s’adapter à cette diversité afin de mieux faire passer leur message prédéfini. S’il semble que ce double usage domine, quelques muséologues insistent, cependant, sur la nécessité de faire droit aux spécificités individuelles sans les subsumer dans une médiation a priori ou normative a posteriori. Se pose alors la double question de la pertinence de la notion même de public – puisqu’il devient problématique de subsumer chaque visiteur dans un ensemble – et de la pertinence de la notion de communication pour analyser ce qui se joue dans une visite – puisque sa réussite ou son échec ne dépendent plus de la compréhension d’un message prédéfini.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
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