Entre continuités et discontinuités : examen des parcours des fermier-e-s de Tdl. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue Pour Année : 2013

Entre continuités et discontinuités : examen des parcours des fermier-e-s de Tdl.

Elsa Pibou

Résumé

Pour un porteur de projet agricole, l’accès au foncier constitue une des difficultés sinon la difficulté la plus importante du parcours à l’installation. Ceux qui ne détiennent pas les ressources informationnelles, relationnelles et financières suffisantes, qui souhaitent développer des activités agrobiologiques ou encore qui ne sont pas issus du monde agricole se heurtent généralement à des portes closes (Dubuisson-Quellier, Giraud, 2010, p. 114). Le contexte institutionnel avec lequel sont amenés à composer les candidats à l’installation, s’il peut être amené à varier localement du fait des orientations défendues par les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA), demeure structurant et à l’origine d’un grand nombre de ces freins. Dans ses premiers développements, l’ambition du mouvement Terre de liens (Tdl) a consisté à imaginer des dispositifs facilitant l’accès à la terre pour ceux dont les projets s’inscrivent dans une démarche respectueuse de l’environnement. Aujourd’hui forte de plusieurs structures dont la Foncière et la Fondation qui permettent de récolter épargne et don, le mouvement est en mesure non seulement d’aiguiller les porteurs de projets mais également d’acquérir des terres grâce aux masses financières soulevées et de leur louer. À l’heure actuelle, Tdl a ainsi permis l’installation ou le maintien d’environ 175 agriculteurs, ce qui représente plus d’une centaine d’exploitations dans toute la France métropolitaine. De fait, Tdl intègre aux échanges de terres des citoyens qui sont traditionnellement et socialement exclus de leurs achats et de leur gestion. En faisant de la question du devenir des terres agricoles et de leurs utilisations une question globale qui dépasse les frontières - imaginaires ou réelles - du monde rural, le mouvement participe d’un double processus. D’une part, la structure institutionnalise le droit de regard de la société et des citoyens sur l’usage qui est fait des terres agricoles et participe à la publicisation dont ces espaces et activités sont les supports (Hervieu, Viard, 2005 ; Perrier-Cornet, 2002). D’autre part, ce mode de fonctionnement singulier formalise les nouveaux rapports à la nature qui s’opèrent entre villes et campagnes (Papy et al., 2012) et la reconnaissance de multifonctionnalité attribuée aux espaces ruraux. Si ce sont bien de nouveaux rapports à la nature, à la terre que le mouvement entend promouvoir, qu’en est-il réellement des fermiers de Tdl ? Quid de ceux qui travaillent au quotidien sur ces exploitations, dont tout ou partie, ne leur appartiennent pas ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quelles sont les motifs et justifications qu’ils invoquent quant à leur choix de se tourner vers une structure comme Tdl ? Selon quelles modalités développent-t-ils leurs activités? Le caractère collectif de l’appropriation fait-il obstacle assez efficacement à l’affectivisation intense du rapport à la terre des agriculteurs qu’il est d’usage de leur accorder (Hervieu, 2005, p. 95 ; Jean, 1993)? Quel est leur positionnement dans la structure ? De manière plus générale, quelles sont les transformations des identités socioprofessionnelles agricoles que l’étude du mouvement de Tdl nous donne à lire ? En quoi cette expérience qui transforme la gouvernance foncière traditionnelle est-elle susceptible de reconfigurer ces identités ? Pour apporter quelques éclairages à ces interrogations, nous nous sommes appuyés sur différents matériaux recueillis dans le cadre de notre travail de thèse : une enquête statistique menée auprès des fermiers installés par le mouvement partout en France dont nous avons tiré la majeure parti des données utilisées ci-dessous , des entretiens conversationnels réalisés auprès de fermiers installés dans la région Midi-Pyrénées, des observations directes réalisées lors de réunions ou moments clefs et organisés par le mouvement.

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Sociologie
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Citer

Elsa Pibou. Entre continuités et discontinuités : examen des parcours des fermier-e-s de Tdl.. Revue Pour, 2013, Le foncier agricole : lieu de tensions et bien commun, 220. ⟨hal-01335970⟩
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