Savoir(s) et rhétorique(s) à la Renaissance - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Noésis Année : 2009

Savoir(s) et rhétorique(s) à la Renaissance

Résumé

Lorsqu’on s’interroge sur les relations qu’entretiennent ou que peuvent entretenir la rhétorique et le savoir à la Renaissance, on doit, en tout premier lieu, préciser le sens du terme « savoir ». Dans le Dictionnaire FrancoisLatin de Robert Estienne, paru en 1549, le substantif « savoir » est coordonné avec deux termes posés comme ses synonymes, en l’occurrence « experience » et « cognoissance » et il est par ailleurs glosé par le mot « science ». Le domaine d’exercice est éventuellement précisé par une série de compléments du nom : « le scavoir & cognoissance de tout droict » ou « la science du droict » (traduit par « prudentia juris » ou « juris prudentia »), « le scavoir de bien parler » (traduit par « eloquentia »), « la science qui traite de gouvernement des provinces » (« provincialis scientia ») ou encore « la science de Pythagore ». A une époque où l’on observe « un renouvellement de la conception des connaissances et de l’homme, penseur et acteur dans le monde » et où « il s’agit de se doter de larges connaissances, mais surtout de former l’homme, de pourvoir à son éducation morale et religieuse » , le « savoir » recouvre en effet des domaines extrêmement variés, allant de la morale, de la religion ou de la philosophie à des domaines relevant d’une approche « pré-scientifique » – selon le mot de Gaston Bachelard – comme la médecine ou l’optique. Dans ce questionnement, l’image de la rhétorique est par ailleurs un élément fondamental : image ambivalente, en l’occurrence, la mauvaise réputation de l’art oratoire, héritée de la critique de Socrate, est encore présente dans tous les esprits, alors même que la rhétorique fait partie du trivium des disciplines enseignées à l’université, à côté de la grammaire et de la dialectique et qu’elle exerce une fascination incontestable. Déterminer si le savoir peut se passer de rhétorique à la Renaissance, se demander si la rhétorique est l’ennemie du savoir, implique que l’on prenne en considération ce regard suspicieux mêlé de fascination que l’on porte alors sur l’art oratoire. Pour apporter des éléments de réponse à ce questionnement, il nous faut donc définir dans un premier temps ce que l’on entend précisément par « rhétorique ». Il s’agit en effet d’une question d’actualité à la Renaissance, où la restriction de la rhétorique est en cours et où, dans le même temps, se met en place une nouvelle rhétorique, dialectique, en réaction contre la logique scolastique. Dans un second temps, il nous faut déterminer le type de relations que la rhétorique (les rhétoriques) et le savoir peuvent entretenir : il s’agit d’une part d’envisager l’alliance du savoir et de l’éloquence, leur complémentarité, souvent pensée comme indispensable ; il s’agit d’autre part de considérer dans quelles mesures l’utilisation de la rhétorique est pensable en termes pédagogiques, dans la formulation et/ou l’enseignement des savoirs.
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  • HAL Id : hal-01325299 , version 1

Citer

Véronique Montagne. Savoir(s) et rhétorique(s) à la Renaissance. Noésis, 2009, Le savoir peut-il se passer de rhétorique ?, 15, pp.45-68. ⟨hal-01325299⟩
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