l'agriculture urbaine ; Un enjeu de la ville durable
Résumé
L 'image d'un troupeau de vaches paissant dans un pré bordé d'immeubles à l'architecture moderne suggère l'existence d'un contraste, d'une sorte d'entrechoc entre deux « mondes », celui de la campagne et celui de la ville. D'autant plus si cette image figure en couverture d'un manifeste d'une association écologiste en faveur d'un urbanisme durable. Une première lecture de cette image correspond à la dénonciation de l'étalement urbain, la progression de la ville qui progressivement grignote les espaces agricoles. De fait, chaque année en France, plus de 85 000 ha de terres agricoles incluant des espaces naturels, sont transformés en routes, habitations, zones d'activités, et ce rythme s'accélère fortement (MEDDT 2010, p. 25). Mais une seconde lecture est possible – voire suggérée – celle consistant à voir dans ces vaches en ville l'image d'une nouvelle combinai-son des espaces agricoles et urbains. Autrement dit, la pensée de la ville durable ne peut plus faire l'économie d'une réflexion sur les modalités d'enchâssement des espaces et des fonctions, agricoles et urbains, et l'agriculture (péri)urbaine devient une infrastructure de la ville durable (Bernard et al. 2005). Si la question de la place de la nature en ville n'est pas nouvelle et a donné lieu à des aménagements d'espaces verts, de parcs, d'allées boisées dès le début du xxe siècle (cf. T. Paquot 2004, ou les exemples de créations de paysages de « campagnes urbaines » évoqués par Fleury & Donadieu 1997), celle de la place de la nature qui nous nourrit, en revanche, apparaît comme une question que gestionnaires urbains et chercheurs se posent à nouveaux frais. Sans doute les cri-ses alimentaires, dont les manifestations ont été essentiellement urbaines (Janin 2009), ont-elles joué un rôle déclencheur ou accélérateur de ces questionnements. La sécurité alimentaire (sécurité sanitaire ou sécurité des approvisionnements) constitue de longue date un pôle d'analyse et de débat dans le domaine de l'agriculture urbaine, notamment dans le contexte des pays en développement. Mais les villes du Nord s'interrogent désormais, elles aussi, sur leurs modes d'approvisionnement. La ceinture verte n'est plus la seule modalité de complémentarité envisagée entre la ville et les espaces agricoles. À ces espaces « tampons » ou de transition, relevant encore d'une logique fonctionnelle de relations entre espaces spécialisés, viennent s'ajouter d'autres logiques basées sur la coexistence et la multifonctionnalité des espaces et des pratiques.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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