Der Mythos von Jeanne d’Arc und die politische Identität der Franzosen
Résumé
Selon Hans Blumenberg, le renouvellement permanent du mythe est le garant de sa « constance iconique ». Si le mythe est aussi, comme l’affirme Roland Barthes, « une parole dépolitisée », celle-ci a donc besoin, pour continuer à vivre dans la conscience collective, d’être sans cesse réinvestie sous peine de verser dans le folklore, le kitsch ou la caricature. Jeanne d’Arc, figure sans visage aux cents visages, est une « légende vivante » (Michelet) dont Napoléon et Schiller ont fait l’incarnation de la nation, un symbole depuis lors sans cesse revivifié autant que martyrisé par les médiations littéraires, scientifiques, filmiques, populaires, commerciales et les factions militantes qui s’en disputent l’héritage. Jeanne n’a jamais été une figure consensuelle. Elle a tour à tour servi aux républicains contre les monarchistes et vice versa, aux catholiques contre les libres penseurs et vice versa, aux patriotes contre les internationalistes et vice versa. Elle symbolisa successivement l’alliance du trône et de l’autel (catholicisme monarchiste), du sabre et du goupillon (catholicisme et républicanisme nationalistes), de la République pacifiste et du Vatican (républicanisme pacifiste et catholicisme social), du Vatican et du bouclier pétainiste, du glaive gaullien et de l’étendard communiste, de la République postlaïque et postnationale et de la mondialisation néolibérale. La communication retrace les avatars politiques de ces appropriations caméléonesques depuis deux siècles, s’attachant plus particulièrement à mettre au jour les conventions libéral-républicaines et les inflexions universalisantes ou identitaires, crypto- ou transconfessionnelles du discours johannique public sous la Vème République, d’André Malraux à Nicolas Sarkozy et Najat Vallaud-Belkacem. La Jeanne « postrépublicaine » (Luc Ferry), c’est, dit-on, une question de terre et de mystère. Les dates et lieux qui ont marqué l’existence de la Pucelle font encore l’objet de batailles mémorielles et de « guerres de position » (Gramsci). A quoi peut servir cette « figure de victoire et de pitié » à l’âge posthéroïque des chefs d’Etat « normaux » ? N’appartient-elle pas définitivement au mainstream culturo-commercial de l’Empire mondial ?