Les « petits terroirs » viticoles de Touraine dans la longue durée (XIXe -XXIe siècles) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Les « petits terroirs » viticoles de Touraine dans la longue durée (XIXe -XXIe siècles)

Résumé

Pour un historien, l’expression « petit terroir » nécessite qu’on la définisse, car elle ne va pas de soi. La catégorie des « petits terroirs » s’oppose irréductiblement à celle des « grands terroirs ». Il s’agit d’une qualification radicale, nécessairement binaire. On ne peut en effet concevoir de terroir moyen, ou médiocre ; tout vignoble considéré comme « médiocre » est rejeté dans la catégorie des « petits ». Cette dichotomie entre grand et petit terroir est donc fondamentalement élitiste ; le petit se réfère au grand, dans une acception très nettement péjorative. Le « petit terroir » renvoie au « petit vignoble », expression à laquelle fait écho presque automatiquement la notion qualitative de « petits vins », c’est-à-dire des vins de qualité médiocre, voire mauvaise par rapport aux « grands vins » qui, eux, bénéficient d’un prestige, d’une réputation, c’est-à-dire d’une reconnaissance largement partagée. L’expression « petit terroir » est donc clairement liée à la question de l’identité des vignobles et, partant, à celle de leur légitimité. En effet, dans le cadre de sociétés en recherche d’aménagement de leurs espaces ruraux, cherchant à coordonner les activités économiques dans le sens d’une meilleure valorisation, l’existence de vignobles peut être contestée du fait de leur défaut de légitimité au regard de critères qualitatifs et quantitatifs. Dans le cadre des opérations de classement des vignobles menées par l’INAO à partir des années 1930, les territoires viticoles ont été examinés en vue de faire reconnaître officiellement une liste des vignobles jugés les meilleurs, au regard d’une série de critères, parmi lesquels figure la réputation et la pérennité. Dans un premier temps, notre réflexion sur la définition du « petit terroir » repose sur une étude de l’évolution des superficies viticoles de l’ensemble des 277 communes du département d’Indre-et-Loire depuis le début du XIXe siècle. Il en découle une analyse globale de la dynamique des surfaces viticoles sur trois dates clés : 1836, 1910 et 2014. Nous mettons alors en évidence une typologie des territoires viticoles en fonction de leurs trajectoires entre 1808 à 2014. Dans un second temps, nous montrons qu’une appréhension qualitative de la trajectoire de ces mêmes territoires viticoles peut déboucher sur des conclusions passablement différentes. En effet, on peut considérer le « petit terroir » comme un vignoble à la production confidentielle, exclusivement dédiée à une consommation très locale. Mais des vignobles prestigieux peuvent aussi livrer des productions renommées en quantité très limitée, sur des surfaces restreintes. A contrario, on peut faire passer la quantité devant la qualité de la récolte, et produire des « petits vins » en quantités considérables, en vue de l’exportation massive d’un produit à faible valeur ajoutée. C’est finalement sur cette articulation entre l’appréhension quantitative et qualitative que nous définissons ce que l’on peut considérer comme « petits terroirs », en considération des dynamiques territoriales, sociales et économiques de longue durée.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01270848 , version 1 (09-02-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01270848 , version 1

Citer

Adrien Lammoglia, Samuel Leturcq. Les « petits terroirs » viticoles de Touraine dans la longue durée (XIXe -XXIe siècles). Les territoires du vin, ESA d'Angers, Feb 2016, Angers, France. ⟨hal-01270848⟩
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