LA SUBSIDENCE GENERALISEE ET LES TRANSGRESSIONS MARINES DE L’EUROPE DE L’OUEST A L’EOCENE SUPERIEUR-OLIGOCENE : UN EFFET DE TOPOGRAPHIE DYNAMIQUE ?
Résumé
L’Europe localisée au NW des Alpes (Allemagne, Royaume-Uni, Irlande, France) est
marquée par une reprise de subsidence à partir du Priabonien (et parfois du Bartonien) et cela
jusqu’à la fin de l’Oligocène. Ceci se traduit par (1) des onlaps marqués de domaines déjà
subsidants (bassins de Basse-Saxe, d’Aquitaine, de Paris) ; (2) l’individualisation de nouvelles
aires subsidantes (Limagnes, bassin du Puy et de Rennes, dépressions de Hesse et de Neuwieder,
bassins de Bovey, de Lundy et de Long Neagh) ; (3) d’affaissements de domaines de socles
(Massif Armoricain). Cette reprise de subsidence s’accompagne de transgressions marines au
Priabonien, au Rupélien et même au Chattien. Le paradoxe de ses transgressions marines est de
se produire alors que, à l’échelle globale, le niveau de la mer baisse en réponse à la croissance de
la calotte antarctique.
Beaucoup de ces bassins d’âge éocène terminal – oligocène ont été interprétés comme des
rifts. Si certains sont contrôlés par une faille normale majeure (par exemple la Limagne de
Clermont), d’autres ne sont que des bassins flexuraux (par exemple la dépression de Hesse, le
bassin du Puy ou de Lundy), certains déformés postérieurement (par exemple le bassin de Rennes
ou de Montbrison). Dans tous les cas de figures, les vitesses de subsidence sont faibles, de 100
m/Ma (Limagnes de Clermont) à la dizaine de mètres/Ma, très loin des vrais rifts (plusieurs
centaines de m/Ma). Ces multiples bassins flexuraux distribués sur l’Europe de l’Ouest et les
transgressions marines en bas régime eustatique impliquent une subsidence générale de l’Europe
du NW à une longueur d’onde du millier de km. Ce processus est nécessairement d’échelle
mantellique et pourrait être dû à un effet de topographie dynamique induite par l’évolution de la
subduction de la Téthys.
Ces transgressions marines posent également la question de l’évolution de la topographie
de domaines de socles comme le Massif Schisteux Rhénan ou le Massif Central. Malgré les débats
sur le milieu de sédimentation de certains gastéropodes (Potamides), la présence de foraminifères
et de nannofossiles calcaires attestent l’existence de trois transgressions marines dans les bassins
du Massif Central. Les conséquences topographiques sont majeures. Cela implique par exemple
une surrection de 600-700 m du bassin du Puy et donc de l’ensemble du Massif Central depuis 30
Ma. Ces transgressions marines (et notamment celle d’âge Chattien) ne peuvent venir que du
domaine méditerranéen impliquant un ennoiement marin du sud du Massif Central.