Conseillers généraux : un profil à l’ombre du notable
Résumé
Dans un contexte de transformations du métier politique (professionnalisation, nouvelles compétences) qui laisserait supposer bien des mutations, l’étude du profil des conseillers généraux dévoile plus de permanences que d’innovations. Les femmes et les jeunes pénètrent lentement et avec parcimonie les conseils généraux. Dès lors, les représentants départementaux majoritairement masculins et d’âge mûr sont peu représentatifs de la population départementale, balayant de la sorte la croyance faisant de la « représentation miroir » une vertu démocratique. Les professions qu’ils exercent – lorsqu’ils en exercent une – ne sont guère plus évocatrices de la répartition en catégories socioprofessionnelles des actifs. Or, de telles caractéristiques ne manquent pas de (re)dessiner la silhouette du notable. Comprise comme la possession de ressources sociales importantes, sans doute la catégorie de notables a-t-elle perdu de sa pertinence. En revanche, érigé en détenteur de capitaux (politiques, par exemple) et d’un réseau étoffé de connaissances, le notable ne paraît pas avoir disparu. Plus encore, la « notabilisation », au sens de l’enracinement sur un territoire et du contrôle de celui-ci, demeure, semble-t-il, prégnante.