Évocation de la vie active chez Raphaël et Titien vers 1520
Résumé
À partir de l’analyse comparée de deux portraits : Raphaël, portrait de Baldassare Castiglione du Louvre ; v. 1515 et Titien, portrait d’homme, d’ Ajaccio, musée Fesch, v. 1518, la communication se propose d’évoquer différents aspects de la vie active fondée sur la pratique de la peinture elle-même. D’un point de vue pictural, l’évocation de la vie active réside dans la présentation de la figure donnant à voir diverses modalités de ce que l’on pourrait appeler la visibilité sociale. En effet, si le Portrait de Baldassare Castiglione de Raphaël présente l’auteur du Livre du courtisan (éd. 1528, fin de la première rédaction v. 1516) en pleine lumière, entièrement visible, l’homme du portrait d’Ajaccio de Titien, dont on ne sait presque rien, est partiellement pris dans l’obscurité. La pratique du coloris de Titien mise en œuvre dans le portrait d’Ajaccio évoque un genre de vie plus équivoque entre la notion de vie active et l’ambiente pétrarquien, avec la part d’ombre que peut supposer la contrainte citoyenne selon la venezianità. Il en va autrement du portrait de Castiglione peint par Raphaël : le peintre de la grâce donne à voir en toute clarté un modèle de vie active et de sprezzatura dans l’auteur même de ce modèle.