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Poster De Conférence Année : 2015

Répéter dans un jeu vidéo : Addiction ?

Résumé

L’un des critères majeurs du concept clinique d’addiction réside dans la notion de répétition. Du côté psychanalytique, Freud lui-même avait déjà noté, au travers du concept de compulsion de répétition, que la répétition peut s’opposer au principe de plaisir et s’inscrire dans un processus mortifère. Oto Fenichel et plus récemment Joyce McDougall ont clairement lié le principe de compulsion de répétition au concept d’addiction. Du côté des behavioristes, les critères d’Aviel Goodmann mettent également l’accent, cette fois du côté comportemental, sur la notion de répétition. Toute la problématique résidant dans ce que nous entendons par ce terme de « répétition ». Le behaviorisme semble y voir une répétition d’acte. C’est-à-dire le retour, la reproduction, à plusieurs reprises, des mêmes actes ; avec la nuance que cette répétition s’inscrit dans une notion de perpétuation mortifère (le sujet répète des actes tout en les sachant « stériles » ou bien étant la cause d’une aggravation de problèmes récurrents, d’ordre financier, psychique ou sociaux). La psychanalyse envisage le concept de répétition selon plusieurs angles : comme échec de la symbolisation (répétition en acte d’une représentation refoulée) ; comme fixation traumatique (à la fois échec de symbolisation et tentative de symbolisation) ; comme compulsion. La symbolisation, comme la mémorisation, devrait s’opposer à toute notion de répétition : le sujet qui se souvient et qui symbolise n’a pas, à priori, à répéter la même attitude. Une évolution, un apprentissage du passé permettant de ne pas le répéter dans le présent. Ce qui ne signifie pas que tout comportement identifié comme répétitif serait, pour la psychanalyse, d’ordre pathogène. M’Uzan distingue la répétition du, même, et la répétition de l’identique. Dans la première, une certaine élaboration du passé a permis une variation au minimum de la configuration économique de la répétition. Celle-ci se rapproche dès lors du concept de compulsion de symbolisation développé par Georg Groddeck ; et d’une certaine manière sur la notion de réitération développée par Freud : la répétition n’est pas stérile (au sens où elle ne produirait rien d’original, de nouveau) ; elle se nourrit de l’apprentissage, de tentatives de symbolisations, pour venir aboutir, à chaque tentative à un autre chose. La seconde forme de répétition identifiée par M’Uzan, correspondant effectivement à ce que la psychanalyse identifie habituellement comme répétition, née d’un défaut de symbolisation. Dès lors, tout le concept d’addiction, qu’on le prenne sous son acceptation behavioriste ou psychanalytique, repose sur la notion de répétition au sens de répétition à l’identique d’actes stériles pour le sujet. Certains aspects propres au jeu vidéo, comme au jeu de manière générale, laissent entrevoir des actes dits « répétitifs » : recommencer inlassablement un niveau dans Doom, jouer des heures durant au même jeu, etc. Et c’est parce qu’il y aurait de la répétition – sous-entendu à l’identique – dans l’activité vidéoludique, que celle-ci serait addictive. Pour autant, si l’on sort de l’apparence des comportements et que l’on déplace l’angle d’analyse au niveau du sujet, de son organisation psychique subjective ; peut-on toujours parler de répétition à l’identique dans le jeu vidéo et dès lors d’addiction ? Ou, au contraire, ce que nous prenons apparemment pour de la répétition à l’identique, n’est-il pas en réalité de la répétition du même, voire de la réitération ; s’inscrivant dans un processus de symbolisation et d’évolution par l’apprentissage ? En d’autres termes, quand l’on observe ces sujets qui jouent et rejouent inlassablement le même niveau de leur jeu vidéo, recommencent apparemment les mêmes actions, dans le même but (gagner la partie) : voyons-nous un sujet en prise avec l’addiction ; ou un sujet qui tente de dépasser l’échec de la première partie de jeu en exploitant pleinement ce qu’il a appris de toutes ses tentatives ? Sommes-nous ici dans l’addiction ou la réitération ? Ce sont ces réflexions théoriques, basées sur des exemples cliniques, que la présente proposition de poster souhaite présenter et questionner ; en se basant à la fois sur les théories psychanalytiques et psychologiques, mais aussi sur les théories du jeu telles que Brougére ou Caillois ont pu les développer.

Domaines

Psychologie
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01223076 , version 1 (01-11-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01223076 , version 1

Citer

Sébastien Bogajewski. Répéter dans un jeu vidéo : Addiction ?. Approche pluridisciplinaire des jeux: plaisir, risque et prévention, Nov 2015, Nanterre, France. 2015. ⟨hal-01223076⟩
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