Les réflexions gnomiques du choeur d'Antigone
Résumé
Cet article étudie les interventions gnomiques du choeur d'Antigone en fonction de leurs modalités de communication, selon qu'elles sont situées dans les parties parlées, en récitatif ou chantées. Dans les parties parlées, ces interventions prennent la forme de maximes qui ont un rôle argumentatif avant tout. Elles visent le plus souvent l'interlocuteur, mais peuvent aussi servir à justifier le locuteur. Dans les parties en récitatif, le rôle des interventions gnomiques varie en fonction de leur situation dans la pièce: en cours de tragédie, la valeur argumentative est présente. En revanche, la conclusion gnomique de la tragédie en récitatif a une indéniable fonction didactique: elle délivre aux spectateurs un message moral. Dans les parties chantées, les réflexions gnomiques fournissent aux spectateurs une clef d'interprétation pour la pièce, qui doit, cependant, être examinée au regard des événements qui se produisent. Plusieurs de ces réflexions sont aussi susceptibles d'une interprétation rétrospective. Le choeur d'Antigone évolue au fil de la tragédie. Comme le spectateur et, à la différence de Créon, il a la chance de ne pas apprendre à ses dépens.