Des bactéries lactiques, alliées potentielles contre les mammites bovines
Résumé
Les mammites bovines représentent un coût économique et sanitaire important pour la production laitière dans le monde. La prévention et le traitement des mammites reposent essentiellement sur les vaccins et l’antibiothérapie, dont l’efficacité est limitée, incitant à explorer de nouvelles stratégies. Ces dernières années, l'utilisation de micro-organismes probiotiques pour lutter contre les infections suscite un intérêt croissant en santé humaine et animale. Le but de cette étude était d'isoler des bactéries lactiques (BL) du microbiote mammaire bovin présentant des propriétés bénéfiques pour la prévention et le traitement des mammites.
L'échantillonnage réalisé au niveau du canal du trayon a permis l'isolement de 165 clones appartenant principalement aux genres Enterococcus, Streptococcus, Lactobacillus et Lactococcus. Parmi ces isolats, 10 souches appartenant aux genres Lactobacillus et Lactococcus, et non redondantes d’après leur profil PFGE, ont été retenues pour être caractérisées vis-à-vis de leurs propriétés de surface (hydrophobicité, autoaggrégation), leur capacité à inhiber les trois agents majoritairement impliqués dans les mammites bovines (i.e.Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Streptococcus uberis), leurs capacités d'adhésion
et d’internalisation aux cellules épithéliales mammaires bovines et leurs propriétés immunomodulatrices.
Trois souches, deux Lactobacillus brevis et un Lactobacillus plantarum, présentent de fortes capacités de colonisation et constituent de bons candidats pour limiter la colonisation de la glande mammaire par les pathogènes. Par ailleurs, neuf souches de BL présentent des propriétés anti-inflammatoires : la sécrétion d’IL8 par des cellules épithéliales mammaires bovines stimulées par E. coli est en effet réduite en présence de ces BL. Le séquençage du génome complet de cinq de ces souches candidates a permis de vérifier l’absence de facteurs de risque tels que des gènes d’antibiorésistance et d’identifier des déterminants bactériens
potentiels en lien avec les propriétés probiotiques observées. Ce travail ouvre de nouvelles perspectives sur le développement de solutions alternatives et durables pour le contrôle des mammites bovines.