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Article Dans Une Revue Le Courrier de l'environnement de l'INRA Année : 2001

Croyances comestibles et populaires

Jean-Paul Branlard
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 970503

Résumé

Au cours de l'Histoire, de nombreuses croyances populaires accompagnent notre alimentation ; le droit y met parfois son nez pour réguler les pratiques. Découverte à ce croisement de la magie, de la plante, de l'aliment et du droit... Depuis le succès d'Astérix le Gaulois, nul n'ignore plus l'importance de la potion magique. Des comestibles sont doués de pouvoirs extraordinaires et employés comme tels dans des circonstances exceptionnelles. Pline reconnaît à l'oeuf le pouvoir d'arrêter les incendies. Marc de café et blanc d'oeuf délivrent des messages aux sibylles de tout ordre qui savent les interpréter. Parce qu'elles écartent les sorciers, des plantes comme l'ail se cultivent près de l'habitation ; y semer du persil entraînerait bien entendu la mort du maître. Il y a aussi ce que l'on peut appeler des noms prédestinés, avec des coïncidences stupéfiantes : le « bolet rosé » (fausse oronge), un champignon, provoque l'excitation sexuelle ! La préparation culinaire requiert également prudence et rituel. Paroles et tours de main font partie intégrante de la recette magique, tantôt pour écarter le mal, tantôt pour se concilier le bien. Faire l'andouille exige patience, propreté, minutie... tâche traditionnellement réservée aux femmes dont on s'assure qu'elles ne sont pas en période d'indisposition-ce qui pourrait gâter le produit. Tenir une pièce d'argent pendant que l'on fait sauter sa crêpe ou tremper son alliance dans la pâte, comme le font les épouses dans les régions du Nord, assure argent et bonheur l'année durant. Le repas lui-même obéit à des rites magiques, notamment à partir de gestes obligatoires ou interdits. Au début du repas, on doit tracer une croix sur le pain avant de l'entamer et l'on se garde d'offrir aux invités le quignon dans lequel le diable aurait pu se réfugier et on ne pose pas le pain à l'envers. Au cours du repas, dans toutes les régions, apparaît la crainte de la mise en Cène du « treize à table ». En fin de repas, on ne croise pas ses couverts et on écrase les coquille des oeufs que l'on vient de manger. Chaque menace déclenche une parade, un rite conjuratoire : en jetant une pincée de sel par-dessus son épaule, on empêche le malheur qui résulterait de la salière renversée (cette superstition remonterait au temps des Égyptiens, puis des Romains : quand ils avaient pris une ville, ils la rasaient et répandaient du sel sur le site pour empêcher toute végétation de repousser).
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Format : Autre
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Commentaire : Texte intégral

Dates et versions

hal-01203025 , version 1 (22-09-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01203025 , version 1

Citer

Jean-Paul Branlard. Croyances comestibles et populaires. Le Courrier de l'environnement de l'INRA, 2001, 42, pp.61-66. ⟨hal-01203025⟩
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