Les animaux révélateurs des tensions politiques en république islamique d’Iran
Résumé
Les relations hommes-animaux domestiques sont éminemment culturelles : elles varient d'une époque à une autre, d'un lieu à un autre. À chaque société correspond un « système domesticatoire » particulier, combinaison originale de techniques d'élevage, de modes d'utilisation et de représentations des animaux (Digard, 1990). L'Iran contemporain, fût-il « islamique », ne fait pas exception (Balland et Digard, 1996). L'Iran n'est pas un pays où, comme en France, les animaux (ou, du moins, certains d'entre eux) sont partout visibles dans l'entourage des humains. Comme (et plus encore, peut-être, que) dans les autres pays musulmans, les chiens, réputés « impurs » (nadjes), sont maintenus à distance et plutôt maltraités ; les chats ne sont que tolérés ; les porcs, interdits (harâm) à la consommation, sont absents ; les autres animaux d'élevage (volailles, ovins, caprins, bovins, équidés, camélidés) sont, en revanche, nombreux mais traités et exploités durement, sans états d'âme. Ce contraste avec l'Europe n'a pas manqué de choquer certains observateurs occidentaux, telle Vita Sackville-West, voyageuse britannique dans la Perse de 1926, qui, après avoir souligné l'omniprésence des animaux domestiques, précise : « Dieu sait que ce n'est pas l'amour des bêtes qui suscite ce commerce constant et continu avec elles ; la Perse n'est pas faite pour ceux qui aiment les bêtes. » (1993 : 92) Dans ce contexte, l'apparition d'animaux domestiques dans l'actualité et les médias ou leur percée dans l'intérêt des Iraniens depuis une dizaine d'années, provoquant résistances et discussions, n'en sont que plus remarquables et significatives.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt