L'évolution des espèces animales suite à la domestication, conséquences pour les ressources génétiques
Résumé
As outlined by Charles Darwin him-self, domestic species exhibit, for many traits easily observable, a diversity dramatically higher than in wild species. The analysis of molecular data provides an accurate view of the genetic basis of this diversity. The hypotheses about the modification of species after their domestication involve mutation, selection, drift and migration, on a time scale of several millenniums. Except mutation, these factors are strictly linked to the human activity and to the history of human societies. From that point of view, the example of the domestication of sheep and the development of its breeding in the Middle-East are very illustrative. Domestication appears as an irreversible process, for both its evolutionary effects for animal species and its cultural consequences for human societies. From one century and half, livestock production and animal breeding were strongly modified, inducing spectacular changes in the animals’ aptitudes. In the industrialized world, a few breeds, highly specialized for given traits are world-wild spread, some local breeds are still existing and many breeds have disappeared. In developing countries, the genetic diversity is still important but is endangered due to a huge demand for productive animals. In many countries, actions have been undertaken to preserve the genetic resources. The possible trends for the future are a modification of breeding goals towards more animal autonomy and robustness, an increase in the possibilities to use “spare parts” genetic materials and attempts to domesticate new species. Moreover, we should consider in a new perspective the right of man to modify living species.
Comme Charles Darwin lui-même l'avait souligné, les espèces animales domestiques présentent, pour toute une série de caractéristiques faciles à observer, un foisonnement de diversité qui n'a pas son équivalent chez les espèces sauvages. L'analyse des données moléculaires permet de préciser les fondements génétiques de cette diversité. Les hypothèses sur les modifications des espèces induites par leur domestication mettent en jeu, sur un pas de temps se comptant en millénaires, l'ensemble des formes évolutives, mutation, sélection, dérive génétique et migration qui, hormis la première, sont intimement liées à l'action de l'homme et à l'histoire des sociétés humaines. L'exemple de la domestication du mouton et du développement de l'élevage ovin au Moyen-Orient est particulièrement illustratif à cet égard. La domestication apparaît comme un processus irréversible, tant dans ses conséquences évolutives pour les espèces animales que dans ses conséquences culturelles sur les communautés humaines. Depuis un siècle et demi, l'élevage et a sélection des animaux ont connu des changements majeurs, qui se sont traduits par des évolutions radicales des aptitudes des animaux. Dans les pays industrialisés, quelques races hautement spécialisées pour une production donnée se sont répandues, un certain nombre de races locales se sont maintenues mais beaucoup ont disparu. Dans les pays émergents ou en développement, la diversité génétique encore préservée en maints endroits est là aussi en danger car la demande d'animaux productifs est forte. Dans de nombreux pays, des dispositions ont été prises pour préserver les ressources génétiques animales. Les tendances prévisibles dans le futur sont un infléchissement des objectifs de sélection vers plus d'autonomie et de robustesse animale, des possibilités croissantes d'utilisation des ressources génétiques en "pièces détachées" et des tentatives de domestiquer de nouvelles espèces. Au-delà, c'est un nouveau regard sur le droit que l'homme s'octroie de modifier le vivant qu'il nous faut porter.