Les figures de construction à la lumière de l’énonciation
Résumé
La syntaxe procède par stabilisations et régularisations internes ou externes, mais mise à l’épreuve du discours elle est le lieu d’une certaine liberté dont les figures de construction sont l’indice. Ces figures signent l’engagement de l’énonciateur dans son discours tout autant que les choix lexicaux, l’organisation séquentielle ou même l’inscription dans un genre. Envisager les figures de construction sous leur seule composante syntaxique permet de les classer mais néglige leurs dimensions sémantiques, référentielles et énonciatives. On propose au contraire de reconsidérer les figures de construction sur des critères énonciatifs et de prolonger les analyses qui ont réévalué certaines figures : l’hypallage, figure qui repose sur un transfert de caractérisant et une caractérisation dialogique (Gaudin-Bordes et Salvan 2008, 2012), l’antanaclase qui repose sur une répétition-variation lexico-sémantique et un conflit référentiel de nature dialogique (Gaudin-Bordes et Salvan 2010), l’anacoluthe qui repose sur une rupture syntaxique et une redistribution des points de vue (Gaudin-Bordes et Salvan 2011).