L'innovation sociale : nouvelles approches dans la prévention et la gestion du risque inondation
Résumé
« il n'est pas normal que l'on ait encore des morts aujourd'hui » (extrait d'entretien réalisé le 25 septembre 2014) ainsi s'exprimait un haut fonctionnaire d'État au sujet des inondations méditerranéennes qui se sont succédées au cours de l'année 2014, et plus largement depuis 1988 (inondations de Nîmes). En dépit de dispositifs institutionnels toujours plus denses accompagnant des technologies de plus en plus sophistiquées dans la prévision des crues, le constat s'impose que face aux crues de type éclair, la collectivité dans son ensemble demeure impuissante à éviter le pire et que la réponse sociale et institutionnelle n'est ni suffisante, ni adaptée. Pour tenter de dépasser ces limites, nous proposons une approche interdisciplinaire (psychologie environnementale, design social et géographie des risques) basée sur la pensée complexe au sujet de laquelle Edgar Morin (2005) soulignait que « l'intelligibilité du système doit être trouvée, non seulement dans le système lui-même, mais aussi dans sa relation avec l'environnement, et que cette relation n'est pas qu'une simple dépendance, elle est constitutive du système ». Dans le contexte spécifique de l'hyper-ruralité (Rapport Bertrand, 2014), l'innovation sociale identifiée comme la mobilisation d'acteurs permettant de poser des problèmes de société d'une façon nouvelle, tout en assurant des services de façon à accroître la qualité de vie des collectivités et des citoyens (Klein, Laville, Moulaert, 2014) peut s'avérer une force de transformation sociale pertinente pour faire face aux risques naturels. Par ailleurs, ces processus sociaux comme du reste l'ensemble de nos pratiques quotidiennes, sont fortement impactées par les technologies numériques et les perspectives qu'elles engendrent. Nous étudierons en quoi elles interfèrent, interagissent positivement ou négativement et comment les intégrer au juste niveau dans ces dispositifs. Trois hypothèses opérationnelles ont été dégagées dans le cadre de cette recherche-action : comment le/la citoyen-ne peut être acteur-trice de sa sécurité, en quoi les perceptions sociales contrastées de l'alerte constituent un point clé du dispositif de prévention et de gestion de l'inondation, et enfin, comment réintroduire l'inondation dans une réalité quotidienne, afin que l'eau soit également perçue comme constitutive du territoire menacé.