Gentlemanminette d amour, ma chou, colocounette et autres formes nominales d’adresse dans les SMS : de quelques spécificités liées au genre - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Gentlemanminette d amour, ma chou, colocounette et autres formes nominales d’adresse dans les SMS : de quelques spécificités liées au genre

Catherine Détrie
  • Fonction : Auteur

Résumé

Le corpus des 88.683 SMS (http://88milsms.huma-num.fr/) récolté dans le cadre du projet sud4science (Panckhurst, Détrie, Lopez, Moïse, Roche, Verine 2013), de par sa taille extrêmement importante, permet d’observer longitudinalement des phénomènes à la fois originaux et récurrents qui, à ce titre, peuvent être considérés comme des marqueurs du genre SMS, lié à l’essor des téléphones portables. Si certains observables pour l’attribution du genre en question sont déjà bien étudiés par les chercheurs, comme la graphie particulière (habituellement désignée comme écriture SMS, cf. Panckhurst 2009), liée en partie seulement à la contrainte technique (initiale) propre au genre, l’utilisation des émoticônes (qui n’est cependant pas totalement spécifique aux SMS, cf. forums, tchats, etc.), le caractère asynchrone des échanges pour les SMS conversationnels, personne encore ne s’est intéressé aux formes nominales d’adresse, très nombreuses et fréquentes dans les SMS, mais surtout très particulières : le genre SMS, définitoirement allocutif et asynchrone, met en effet très fréquemment en scène le coénonciateur par le biais d’apostrophes que l’énonciateur n’utiliserait sans doute pas dans une conversation in praesentia. J’émets ainsi l’hypothèse que ces apostrophes, dans leur spécificité, sont des préconstruits du genre, et font partie de son horizon d’attente, ou du moins qu’elles sont des marqueurs génériques, voire des outils interprétatifs à part entière du genre. La taille même du corpus permet en effet de faire émerger des constantes énonciatives / stylistiques pour ce qui est des formes et des formats d’adresse, qui sont sans doute interprétables comme des constantes génériques au regard de leur récurrence. Cet article propose un classement, une analyse lexicale, discursive et énonciative des formes d’adresse statistiquement les plus fréquentes, ainsi qu’une réflexion sur ces nouvelles pratiques d’adressage au regard du genre SMS. Un critère définitoire du genre pourrait être en effet cette caractéristique énonciative propre aux formes d’adresse. Les petit cœur, amour, poulette, mon amour doux, maman d’amour, voire mon petit poussin d'amour à moi en sucre de canne des îles et autres mièvreries caressantes, auxquels il faut ajouter les surnoms et les prénoms déformés du type ma Clarou ainsi que les formes hypocoristiques du type ma sœurette, questionnent le genre en tant que ces apostrophes l’inscrivent encore très globalement dans la sphère privée, même si les usages évoluent actuellement, et qu’elles actualisent / spectacularisent un modèle énonciatif au sein duquel la dimension émotionnelle est prédominante.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01172688 , version 1 (07-07-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01172688 , version 1

Citer

Catherine Détrie. Gentlemanminette d amour, ma chou, colocounette et autres formes nominales d’adresse dans les SMS : de quelques spécificités liées au genre. D. Ablali, S. Badir et D. Ducard. En tous genres, Normes, textes, médiations, Éditions Académia, pp.43-57, 2015. ⟨hal-01172688⟩
99 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More