“C pa 1 sms, c 1 roman !!” : le SMS est-il interprété comme un genre par ses usagers ?
Résumé
Les SMS offrent une entrée inhabituelle dans la problématique de l’interprétation selon les genres du discours, dans la mesure où on y rencontre beaucoup plus fréquemment que dans les autres énoncés familiers des segments métadiscursifs, qui vont des simples groupes verbaux « envoyer / recevoir + SMS / texto » jusqu’à de véritables commentaires métaénonciatifs en passant par des interventions dialogales de type évaluatif. Le corpus 88milSMS (Panckhurst et al. 2014) présente ainsi 940 messages (soit plus de 1 %) commentant leur forme, leur contenu, leur production, leur réception, ou ceux de messages antérieurs. Le présent travail confronte ces données aux caractérisations déjà formulées sur les SMS et à la conception des genres héritée de Bakhtine. Il montre que les usagers considèrent le SMS comme un genre à part entière, faisant interagir de façon particulière les traits définitoires du discours électronique médié avec ceux du discours intime. Son usage spécifique et très majoritaire est l’échange intime, complice et répété visant à assurer la continuité de la relation interpersonnelle entre les rencontres effectives, à programmer celles-ci sur le plan pratique et à les prolonger sur le plan affectif, malgré la séparation dans l’espace et l’hétérogénéité des situations dans lesquelles sont pris chacun des interlocuteurs. C’est cette visée qui, en interaction avec les conditions techniques, confère au textotage son caractère d’activité et détermine ses particularités les plus propres, comme la néographie, la néologie, la tonalité d’autant plus effusive que ni le corps ni la voix des interlocuteurs ne sont présents aux sens l’un de l’autre ou, enfin, la recherche d’une réactivité quasiment instantanée et permanente.
Fichier principal
Le SMS est-il interprété comme un genre par ses usagers.pdf (62.91 Ko)
Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...