La naissance de l'actinomètre électrochimique d'Edmond Becquerel
Résumé
Construire un appareil destiné à comprendre un phénomène, et à en expliquer les mécanismes, implique de faire des choix théoriques importants, mais aussi de mobiliser des connaissances et des compétences particulières, d’un point de vue aussi bien scientifique que technique.
Le travail d’Alexandre-Edmond Becquerel (1820-1891), lors de la genèse de l’actinomètre électrochimique, peut en être une illustration. Cet instrument, destiné à l’analyse de la lumière et des phénomènes qu’elle produit sur la matière, utilise des principes directement inspirés d’une toute nouvelle technique : la photographie. Son mode de fonctionnement, et les résultats qu’il offre en sont pourtant très éloignés. Nous essayerons, dans cette communication, par l’analyse du cheminement qui a conduit Edmond Becquerel à la construction de l’actinomètre électrochimique, de mettre en évidence différents aspects sans lesquels son instrument n’aurait pu voir le jour.
Nous étudierons d’abord les choix théoriques nécessaires du point de vue de la nature de la lumière et des fondements de l’électrochimie, pour imaginer ce type d’appareil. Nous verrons aussi l’impact des débats théoriques de l’époque sur l’évolution de celui-ci, à travers la controverse qui l’oppose au physicien Jean-Baptiste Biot. Nous nous intéresserons ensuite aux compétences techniques particulières, en daguerréotypie et en électricité qu’Edmond Becquerel a mobilisé pour parvenir à construire un instrument lui permettant d’analyser la nature du rayonnement lumineux. Au moyen des courants électriques produits par une substance photosensible sous l’effet du rayonnement solaire, il parvient à tirer des conclusions sur la continuité du spectre lumineux au-delà du violet.