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Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Les îles et la territorialisation des espaces océaniques

Résumé

Les îles constituent des espaces particuliers marqués par la discontinuité. Situées en bordure des continents ou résultant des mouvements de compression des arcs océaniques ou encore des points chauds de la lithosphère, les îles s’intègrent totalement aux domaines océaniques. Pour François Doumenge, cette prégnance de l’océan permet de caractériser les petites îles qui sont imprégnées par les ambiances océaniques, il s’agit des îles basses de type atoll mais encore des Bahamas, des îles Vierges, des Grenadines dans la Caraïbe par exemple ou des îles de la Frise ou du Ponant. Pourtant le lien entre les sociétés insulaires et l’espace marin reste plus difficile à appréhender tant les situations particulières dominent et évoluent. Groix et Sein furent aux avant-postes des pêches bretonnes entre les deux-guerres et territorialisaient de vastes espaces maritimes. Aujourd’hui cette activité a disparu, alors qu’elle se poursuit encore à quelques milles nautiques dans l’île de Houat. Sans l’homme, l’île, l’îlot à sa propre respiration, sanctuaire d’espèces endémiques, reliques ou relictes, vivant sur une échelle et une temporalité différente, les îles constituent aussi autant de jalons sur la route des grandes migrations des mammifères marins ou des oiseaux migrateurs. Le labbe parasite survole par exemple l’archipel des Caraïbes, les îles bordières du Brésil pour ensuite revenir au Groenland. Grandes ou petites, les îles hautes ou basses constituent pour le marin un amer, un lieu remarquable, symbolique, et parfois fonctionnel. Quand l’île est occupée par l’homme, le champ des fonctions insulaires s’élargit parfois considérablement. Ces fonctionnalités insulaires connaissent des mutations en fonction de l’intérêt que constitue l’île. Elles peuvent être liées à l’exploitation des ressources terrestres (cultures tropicales, minerai), au développement du tourisme, à la mise en valeur des richesses océaniques, du trafic maritime, ou encore de la position géostratégique. Certaines îles constituent aussi des paradis fiscaux et participent à l’économie maritime mondiale en accueillant des entreprises défiscalisées ou des compagnies maritimes sous pavillon de complaisance. Pour autant il reste difficile de quantifier le degré d’océanité, de maîtrise des espaces océaniques par les îles. De nombreux géographes, économistes et biologistes ont tenté de classer les îles en fonction de leur positionnement de leur forme, de leur taille, de leur niveau de développement ou du degré d’isolement. F. Doumenge a ainsi calculé un indice d’isolement considérant le rapport entre la surface de l’entité politique, le territoire et la Zone Economique Exclusive qui lui est rattachée. Plus le rapport entre la surface de cette zone et la surface du territoire insulaire est grand, plus l’insularité est prononcée correspondant souvent à des îles océaniques de type atoll. Cependant ces indices ne permettent pas de mesurer le niveau de maritimité des îles qui doit prendre en compte les fonctions maritimes des îles et mesurer les jeux d’acteurs qui expliquent le niveau de maîtrise des océans répondant à des temporalités et à des espaces qui évoluent en fonction des opportunités économiques.

Domaines

Géographie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01163715 , version 1 (15-06-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01163715 , version 1

Citer

Michel Desse. Les îles et la territorialisation des espaces océaniques. Jacques Guillaume. Espaces maritimes et territoires marins, Ellipse, pp.221-231, 2015. ⟨hal-01163715⟩
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