La transition entre verre sodique et potassique à l’époque carolingienne : l’apport des analyses élémentaires (LA-ICP-MS)
Résumé
Plusieurs recherches sur la composition élémentaire du verre à l’époque carolingienne ont été récemment menées sur du mobilier découvert en France. Les résultats des analyses physico-chimiques, réalisées par spectrométrie de masse couplée à un plasma inductif (LA-ICP-MS), ont permis de suivre l’évolution des recettes de fabrication à une période charnière de l’artisanat du verre en Europe. En effet, le passage des verres au natron de tradition antique aux verres aux cendres semble s’être opéré progressivement comme l’atteste la présence de verres calco-sodo-potassiques. Leur composition mixte résulte de l’introduction volontaire de cendres végétales lors de la fusion de verre brut ou de groisil à fondant minéral. Les proportions de soude, de chaux et de potasse varient donc d’un échantillon à l’autre selon la nature et la quantité de cendres ajoutées. Ce procédé a pu être mis en évidence à la fois sur des sites de production et de consommation datés entre le VIIIe et le Xe siècle. Il intervient dans une période de transition technologique, certainement pour pallier au manque de verre brut importé du Proche-Orient, et semble succéder à une phase d’intensification du recyclage du matériau à la fin de l’époque mérovingienne. Les analyses élémentaires ont également révélé l’apparition de nouvelles recettes de fabrication adaptées aux ressources locales, des compositions originales qui vont cohabiter un certain temps avec les verres à fondant mixte ou potassique, avant que ces derniers ne s’imposent complètement jusqu’à la fin du Moyen Âge.