. Laisses-moi, Albertine ! ne me la montres plus. Ah ! que tu me fais de mal ! Albertine

. Ma-chere-maitresse, Combien je vous plains ! Votre état m'inquiette ? Sire Geoffroy ! cela est affreux de venir nous assiéger comme cela ! Vous, qui êtes parent, qui etiés même l'ami de mon maitre ? Madame, vous rappelés-vous du tems que nous avons passé à sa cour ?

. Et-son-cousin,-ce-jeune-chevalier-de-lénoncourt and . Oh, Monseigneur Oalde, votre pere, dit qu'il est sur que c'est lui qui a engagé le comte de Créange à faire la guerre Ce jeune homme, dit-il, aura pris pour amour de la gloire un vain desir de combattre, et il a sacrifié la courtoisie à l'honneur des armes ? Oh ! cela m'etonne, cela m'étonne !? Lui, qui était si prévenant, si doux, si poli ! Il ne me rencontrait pas une fois qu'il ne [5] me saluat en souriant : Bon jour

!. Albertine and . Tu, de bonne foi, que Lénoncourt soit en effet coupable ?

. Ah, en sais rien : je ne le pense pas Ce qu'il y a de sur pourtant, c'est qu'il est entré sur nos terres avec les troupes de son souverain ; il a tout ravagé. Il se bat comme un lion, à ce qu'on dit, ce petit chevalier de Lénoncourt. Monseigneur ii est furieux contre lui : oh, il dit que s'il le tenait

. Ah, Lui qui est si grand, si humain, si généreux, même vis-à-vis de ses ennemis ! Tu sais, Albertine, qu'entre tous nos preux, aucun n'a jamais égalé la magnanimité d'Oalde ? Et ce serait pour Lénoncourt seul qu'il dementirait son noble caractere ?

. Comment-dites-vous and . Ah, Mademoiselle Isulte, ma chere Maitresse ! ? il y a long-tems que je m'en doute : vous avés des secrets pour moi, pour moi, l'amie de votre enfance ! Ce chevalier de Lénoncourt ? ? Comme vous rougissés, Mademoiselle ! Isulte, se jettant dans ses bras

N. Allons, . Vous, and . Plus, Soulagés votre coeur, ma belle Maitresse. Croyés-moi, j'avais fort bien vû que le chevalier vous aimait à la cour de Créange, et je n'ai pas attendu jusqu'à ce moment pour croire qu'il etait payé de retour. De grace

. Tu-sais, . Ma-chere-albertine, and . Qu-'à-ce-tournoi-brillant-que-donna-le, Comte de Créange pendant notre séjour chés lui, Lénoncourt surpassa tous ses rivaux en graces et en valeur Il vint à mes piés déposer ses armes, en se déclarant mon chevalier. Ma main lui présenta le prix destiné au vainqueur ; il prétendit que j'avais fixé tous les yeux ; helas ! les miens n'avaient cessé d'être attachés sur lui Je le vois encore couvert d'une noble poussiere, la chevelure en désordre, revêtu d'une armure éclatante, s'avancer vers moi. On dit ses coups redoutables vers ce jeune héros auquel il a donné son estime !, Ah, mon Albertine !... Et tu veux que je me tranquillise

M. Oui and . Chere-maitresse,-je-vous-le-demande-en-grace, Votre imagination prompte à s'enflammer, et à se créér des maux, vous offre un avenir rempli de malheurs, tandis que je prévois à tous ces événemens l'issue la plus fortunée. Songés au courage de nos guerriers ; songés que ce sont leurs murs qu'ils défendent, au lieu que les soldats de Créange ne font qu'obeir à des ordres qui ne peuvent être aussi importans pour eux

. Et-alors and . Ma-chere-maitresse, quel avenir charmant ! Le chevalier de Lenoncourt parviendra sans peine à dissuader votre pere, qui l'aime dejà sans le connaitre, et son mariage avec vous assurera à jamais la paix entre les deux souverains

. Oui, (on entend des cris dans le lointain, un grand tumulte. Des gens de guerre vont et viennent

!. Albertine and . Qu, entens-je ? quel bruit ? Ah ! grand Dieu ! secourés nous

. L. Nous-sommes-perdus, ennemi malgré tous nos efforts, s'est emparé des remparts Il est maitre de deux portes ; dejà il entre en tumulte, il se repand de tous cotés, le sang coule ; les soldats effrenés le font ruisseler dans les rues ; ce château même est investi. Quelques uns des notres cherchent notre cher maitre ; nous nous rassemblerons autour de lui, nous exécuterons ses derniers ordres

. Quoi, Grand Dieu ! nos guerriers ont été vaincus ? [28] L'officier

. Nous-n-'attendions and . Qu, une attaque ; nous ne gardions qu'un côté. L'ennemi donnant deux assauts a surpris le coté sans defense. Mais je cours sauver mon maitre

Ô. and M. Chere-maitresse, ma chere amie ! je veux partager vos malheurs iv : je ne pourrais vous survivre v

. Oui, mon pere, c'est moi (aux soldats qui gardent le comte

. Eloignés-vous, Je reponds sur ma tête de votre prisonier. Votre souverain me l'a confié à cette condition

!. Ah, quel coup du sort ! j'ai été maitre de votre liberté, de votre vie, et c'est vous qui maintenant disposés de moi

. Peut-elle-etre-comparable-À-la, votre ame est grande, sensible ; vous souffrés, et c'est la reconnaissance qui vous fait souffrir. Mais moi, malheureux souverain, déplorable pere, humilié, vaincu, je dévore en secret mon opprobre, Il ne fallait rien moins que ce coup fatal pour me faire connaitre la haine

. Vous, Lenoncourt ? non, je ne puis le croire

. Vous-le-croirés-bientôt and . Seigneur, quand je vous aurai détrompé sur le faux rapport que l'on vous a fait Je conçois facilement que ne me connaissant pas, vous ayés pu vous y laisser surprendre. Mais aujourd'hui le pourrés-vous encore ? Avés-vous conservé pour moi l'estime que, pp.peut-etre

. Sans and . Cher-lenoncourt, Ce combat est, sans doute, le dernier effort des vaincus. J'ai fait donner de nouveaux ordres, et rallier mes troupes. (à Oalde.) Comte, ne craignés rien pour vos jours : je n'abuserai

. Et-moi, devant tes sujets et tes vassaux, je te déclare [41] traitre et déloyal chevalier, indigne d'en porter le titre, indigne de commander ; je te déclare lâche. Tu n'es brave qu'à l'aide de tes soldats

!. Dieu and . Qui-connais-le-fonds-de-mon-coeur, et la bonté de ma cause, daignes assurer mon bras, et fais éclatter ta justice ! Geoffroy. Invoques ton Dieu. Le mien, c'est mon courage, marchons. Isulte, s'elancant vers son pere

L. Isulte and A. Isulte, Laissés, laissés-moi

. Je-me-meurs, Lenoncourt et Albertine emportent sur un siege Isulte affaiblie.) Lenoncourt à genoux à coté d'elle

. Tournés-sur-moi-les and . De-ma-vie, Vois ton Lenoncourt, ton chevalier

L. Ah and . Ciel, quel secours tardif ! Lenoncourt, écoutes ; si tu m'aimes, au nom de ta tendresse, vas, voles à mon pere ; cours

. Vas, Je suis ton épouse : c'est ton pere qui est en danger ; c'est pour lui que l'honneur te parle ; vas, te dis-je ; je n'écoute plus rien

!. Ah and . Grand, Dieu ! mon pere est mort ! (elle s'évanouït, Albertine la soutient) Lenoncourt

!. Ah and . Cher-lenoncourt, je ne le desire même pas Tu vois un homme confondu, un vainqueur terassé par la magnanimité de son adversaire ; ou plutot, tu me vois vaincu à mon tour, pénétré de repentir et d'admiration ? non

J. Qu, on ne peut être grand, sans etre juste. Un seul instant vient de m'en faire souvenir, et je ne veux plus l'oublier de la vie. Lenoncourt. Mais encore, que s'est-il donc passé ?

A. Peine-descendus-dans-le-champ-de-bataille and . Oalde, Je suis le maitre de votre vie, me dit-il, et je vous la donne Je n'abuserai pas d'un coup que je dois plus, sans doute, au hasard, qu'à mes forces ; mais je ne vis que pour mon Isulte, pour ma fille ; sauvés la, qu'elle retrouve en vous un pere, et rendés lui la noble existence que vous etiés parvenu à lui arracher. A ce prix, je me livre à vous ? Pénétré, saisi de ce que j'entendais, j'ai senti mes yeux se mouiller de larmes, trait de feu a passé dans mon ame, j'ai embrassé vivement le Comte, en jurant de tout réparer

!. Ah, il est occupé à recevoir les hommages, les adorations de tout un peuple qui bénit sa victoire. Quel spectacle ! Tiens, moi, oui moi-même j'en suis attendri, et désormais je veux être aimé dans Créange, comme Oalde l

!. Ah and . Comte, que vous avés bien su vous venger de ma victoire ! Combien mon prisonnier m'a humilié ! et que votre vainqueur s'est trouvé petit auprès de vous ! Puissé-je tout réparer en souscrivant à cette union ! ? Lenoncourt, tu connais mon amitié pour toi. J'étais sans enfans ; en t'adoptant

. Bien, !. Geoffroy, and . Vas, je n'ai jamais desesperé d'un brave homme. Vivons à l'avenir en bonne intelligence, au sein de la paix et du bonheur ? Lénoncourt, fidélité pour ta femme, honneur, et courtoisie pour tous. Et rapellés-vous bien mes enfans que ce n

. Phrase-supprimée, ? Venés, barbares vainqueurs, venés achever votre triomphe ; venés egorger deux femmes, qui ne voudront pas survivre à tout ce qu'elles ont de plus cher au monde