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Article Dans Une Revue Les Cahiers de la SFSIC Année : 2014

Interroger l’accès et la réutilisation de données libres

Résumé

Le financement territorial de la recherche scientifique offre l’opportunité de développer de la recherche appliquée au sein de consortiums pluridisciplinaires. Sous les injonctions de transparence et de participation citoyenne, et dans le cadre de la promotion de technologies innovantes redynamisant un territoire, un laboratoire en SIC, et plus largement les laboratoires de recherche en sciences sociales interrogeant la question des usages, ont intérêt à intégrer de tels consortiums. Il s’agit alors de rester vigilant quant à la réception et la compréhension de notre méthodologie d’enquête et d’analyse sur les usages et les usagers, qui légitime notre positionnement scientifique. Il s’agit encore d’adopter une distance critique face aux attentes différenciées des nombreux acteurs, face au terrain et aux retours d’usages auxquels nous sommes confrontés et qui remodèlent nos « manières de faire » de la recherche au cœur d’un dispositif où interagissent les objets, les techniques, les usagers et les chercheurs. Dans le cadre du projet Pacalabs OpeNRJ, financé par la Région PACA, nous avons engagé une recherche sur les usages axée sur l’ouverture de données et le partage d’expériences liées à la consommation énergétique de bâtiments à usage collectif. Notre consortium réunit des acteurs pluridisciplinaires : le CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment à Sophia Antipolis, le laboratoire I3M de recherche en Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université de Nice Sophia Antipolis, en partenariat avec des acteurs professionnels et territoriaux : QUALISTEO, une entreprise qui développe des solutions de mesure et d’analyse des consommations énergétiques des bâtiments et une collectivité territoriale : la CASA, Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis. Nous visons le recrutement et l’équipement d’organisations publiques et privées régionales, prêtes à s’engager dans la collecte et la diffusion libre de données énergétiques de leurs bâtiments, sur un serveur dédié. L’« Open Data », l’ouverture ou la libération de données, peut être rapprochée du mouvement plus général de l’Open Knowledge, de la diffusion de connaissances libres. Elle s’est aussi rapidement instaurée sur le socle de l’ouverture de données publiques. Renouvelant la question de la transparence démocratique, le mouvement n’est encore adopté que par un nombre restreint de collectivités territoriales, en France, mais suscite un réel intérêt du côté des différents acteurs publics et privés du territoire. La perspective principale de la connaissance, dimension qui s’attachera plus précisément à définir ce que sont les données, quelles sont les pratiques professionnelles, de recherche et citoyennes qu’elles génèrent et qui peuvent se constituer en connaissance, construit notre approche amont de l’accès public à un dispositif sociotechnique de diffusion de données ouvertes, données qu’il s’agira encore de réutiliser, en visant leur appropriation par les usagers. Cette approche par les usages vise la construction d’un écosystème de la libération de données. D’un point de vue méthodologique, notre communauté d’usagers, typologisée en offreurs et utilisateurs de données, est soumise à différents questionnaires, entretiens semi-directifs, recueil de témoignages par le biais de récits d’expérience et pratiques de focus group, instaurant une approche ethnographique qualitative de ces usagers et de leurs usages. Nos outils d’enquête et d’analyse visent une démarche de co-conception, en appelant aux retours d’usages des différents utilisateurs, et visant l’évaluation et la co-construction de services, générés par l’ouverture des données énergétiques et territoriales, services qui produiront de nouveaux usages. Or, les premières avancées de la recherche sur les innovations et les usages liés à l’ouverture de données, montrent la place prépondérante qu’occupent les Leader Users ou usagers-concepteurs aux fortes compétences techniques (Von Hippel, 2005 ; FING, 2011), dans la catégorie des usagers innovants. Notre programme de recherche comprend d’ailleurs l’organisation d’un Hackathon, s’adressant nécessairement à ce type d’usagers, afin de co-construire ces nouveaux services générés par la libération des données. Il est intéressant de croiser la « domination » des compétences techniques de cet environnement à nos premiers éléments d’enquête. Ceux-ci suggèrent, parmi la communauté d’experts interrogés, un manque d’aisance vis-à-vis des données ouvertes et de leur utilisation. Notre interrogation devient plus aiguisée : en quel sens l’usage d’une technique n’est-il pas limité à un groupe primaire, mais peut s’inscrire dans un collectif plus large (Cf. Flichy, 2008) ? En quel sens l’ouverture de données peut-elle donner accès à une connaissance pratique, c’est-à-dire articulant savoirs, savoir-faire et compétences, en vue d’usages sociaux partagés ? De manière plus générale, nous aspirons à ce que la question de l’ouverture des données sous l’angle des usages nous permette de réinterroger la dimension pratique et sociale de différents processus de reconfiguration des savoirs au sein d’un écosystème ouvert.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01098384 , version 1 (24-12-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01098384 , version 1

Citer

Céline Masoni-Lacroix, Lorrys Gherardi, Paul Rasse, Claudine Batazzi-Alexis, Peggy Cadel, et al.. Interroger l’accès et la réutilisation de données libres. Les Cahiers de la SFSIC, 2014, 10, pp.176-178. ⟨hal-01098384⟩
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