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Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Des périphéries urbaines aux espaces peu denses : les dynamiques territoriales au prisme des mobilités domicile-travail

Résumé

Au même titre que les périphéries urbaines, les espaces peu denses, dont les habitants seraient condamnés aux longs déplacements en voiture, feraient aujourd’hui figure d’anti-modèle de développement territorial. Inversement, les espaces urbains pourraient trouver leur salut dans le modèle de la ville dense : objet central de politiques publiques chargées d’y réduire les distances parcourues et l’usage de l’automobile (Banister, 2008, 2011 ; Lévy, 2010). De ce point de vue, la dispersion de la population, l’éloignement des lieux de résidence et d’emploi, et la dépendance automobile induiraient des pratiques individuelles incompatibles avec les enjeux de durabilité des territoires. Les choix de localisation des ménages, cependant, ne reflètent pas l’adhésion au modèle dit 'durable'. La plupart des territoires périurbains et de campagne en France sont aujourd’hui en phase de densification et de croissance démographique résultant de la poursuite des dynamiques de périurbanisation depuis les années 1970 (Baccaïni et al., 2009 ; Floch et al., 2011) et de l’attractivité croissante de nombre d’entités à dominante rurale (Lepicier et al., 2007 ; Pistre, 2012). Du côté de l’emploi et des facteurs économiques de développement, plusieurs études ont par exemple montré des tendances à la déconcentration urbaine en région parisienne qui permettent à des périurbains de plus en plus éloignés d’accéder aux emplois métropolitains (ex : Gilli, 2004) ; d’autres travaux ont souligné l’importance de bases économiques autres que celle productive (surtout résidentielle et touristique) pour l’économie des territoires hors des contextes urbains (Davezies, 2008 ; Talandier, 2008). Cette présentation aborde la question de l’adaptabilité des territoires et des modes de vie sous l’angle des mobilités domicile-travail, en analysant statistiquement l’évolution des trajets individuels et des dynamiques territoriales qui y sont associées. En effet, cet objet d’étude demande de considérer les pratiques des résidents et travailleurs de mêmes territoires, ainsi que les changements démographiques et du marché de l’emploi à plusieurs échelles spatiales. L’étude des trajets domicile-travail dans les territoires peu denses et périurbains amène aussi à analyser leurs inscriptions dans des réseaux régionaux plus ou moins hiérarchisés, dont les pôles des différents niveaux sont plus ou moins dynamiques. L’étude statistique associera ici à des constations nationales, des analyses régionales à travers l’exemple de la Lorraine et de Midi-Pyrénées. Une étape préalable a consisté en la mise au point d’une typologie des communes françaises selon leurs densités locale et de voisinage, à partir des données de recensement (Hubert et al., 2014). Celle-ci sert de nomenclature de référence pour classer les territoires peu denses et périurbains : les premiers correspondent aux communes les moins denses aux échelles locale et du voisinage, alors que plusieurs types périurbains ont en commun une disjonction entre densité locale assez faible et densité de voisinage bien plus élevée. Hormis la volonté d’utiliser une grille de lecture reposant sur des critères simples, harmonisés, reproductibles, et sans distinction préalable de l’urbain et du rural, cette démarche de classification a été privilégiée pour les corrélations observées entre niveau de densité et distance moyenne domicile-travail : la distance diminue lorsque la densité locale augmente mais, à densité locale constante, elle croît avec la densité de voisinage. L’étude des mobilités domicile-travail repose aussi sur l’exploitation des recensements depuis 1982. Deux variables sont utilisées pour analyser les trajets individuels domicile-travail, moyennés à l’échelle d’un territoire ou d’un type d’espace : d’une part, la distance entre lieux de résidence et de travail – qui peut être décomposée en part des individus travaillant dans la commune de résidence, distance moyenne des trajets de faible et moyenne portée (de 0 à 45 km, hors travail dans la même commune) et part des trajets de longue portée (plus de 45 km) – et, d’autre part, le mode de transport des actifs pour se rendre à leur travail. Les données de recensement sont ensuite utilisées pour évaluer l’influence des dynamiques démographiques et d’emploi sur la mobilité domicile-travail : il s’agit d’indicateurs sur l’évolution du volume de population, celle des populations migrantes et des populations actives, et encore, des secteurs d’activité économique localisés au lieu de travail. L’analyse nationale des mobilités domicile-travail dans les espaces peu denses et périurbains, depuis les années 1980, souligne l’allongement généralisé des distances moyennes parcourues et la part dominante des déplacements en voiture. On retrouve les signes de l’amplification des déplacements domicile-travail à l’extérieur des grandes agglomérations (Hubert, 2009) et, en particulier, du fait de la poursuite des dynamiques de périurbanisation (Baccaïni et al., 2007). Pour autant, derrière ces tendances moyennes se cachent des disparités locales, voire des discontinuités régionales, que les pratiques de mobilité domicile-travail semblent révéler dans les territoires peu denses et périurbains. A travers l’étude des dynamiques de mobilité en Lorraine et en Midi-Pyrénées, il s’agit d’en rendre compte aux échelles locales et régionales, et d’apporter différents éléments d’explication qui ont trait aux dynamiques démographiques et du marché de l’emploi.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01058918 , version 1 (28-08-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01058918 , version 1

Citer

Pierre Pistre, Jean Paul Hubert. Des périphéries urbaines aux espaces peu denses : les dynamiques territoriales au prisme des mobilités domicile-travail. ASRDLF - Colloque annuel de l’Association de Science Régionale de Langue Française, Jul 2014, France. 21p. ⟨hal-01058918⟩
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