Le site de l'abbaye de Marmoutier (Tours, Indre-et-Loire) Rapport 2013 - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2013

Le site de l'abbaye de Marmoutier (Tours, Indre-et-Loire) Rapport 2013

Résumé

De 2006 à 2012, la fouille a porté principalement sur deux parties distinctes du site (Fig. 1) : d'une part, l'emprise de la dernière église abbatiale (zone 1), d'autre part, l'hôtellerie de l'abbaye dont le tiers occidental encore en élévation correspond à la zone 3 tandis que les deux autres tiers, détruits au début du XIXe s., sont maintenant presque intégralement accessibles à la fouille (zone 4). En 2013, l'étude de la tour des cloches a été amorcée (zone 5) de même que celle du coteau (zone 6) et de nouvelles investigations géologiques ont été effectuées au sud pour préciser le tracé du paléochenal de la Loire bien antérieur à la fondation du monastère. En zone 1, une partie des investigations a porté sur les niveaux de construction de l'église la plus ancienne identifiée jusqu'à présent, l'édifice érigé autour de l'an mil. Après les compléments apportés à son plan par la mise au jour de la façade occidentale de l'église en 2012, sa datation a été confirmée par la fouille des tranchées de construction de ce mur ouest et du mur de chaînage sous-jacent aux piles rectangulaires de la nef. Immédiatement en avant de l'église, une deuxième sépulture (S.100) a été fouillée, confirmant la vocation funéraire de cet espace dont on ignore s'il était ouvert ou fermé. Cette sépulture est nécessairement antérieure à la construction de l'église romane qui a provoqué sa destruction partielle. Les niveaux sous-jacents à l'église de l'an mil ont commencé à être fouillés seulement en avant de l'édifice ; ils ont révélé une occupation très difficile à caractériser, en raison de l'étroitesse de la superficie concernée. A signaler la mise au jour partielle d'un dallage constitué de blocs très épais et associé à un niveau de circulation induré, un ensemble attribuable aux VIIIe-IXe s. Plus à l'ouest encore, après l'enlèvement de la sépulture 100, ont été immédiatement fouillés des niveaux des IVe-Ve s. bien datés par une abondante quantité de tessons de céramique et deux monnaies. La présence de bois de cerf avec des traces de scie, de plaquettes rectangulaires et d'un médaillon en os attestent une activité de tabletterie à laquelle a pu s'ajouter le travail du fer et du jais à la même période, alors que pour le haut Moyen Âge il existe des indices ténus du travail du fer, du plomb, voire du cuivre. En zone 4, le dernier élément appartenant à l'ancienne hôtellerie dans son état du XIIIe s., à savoir la tour de latrines édifiée sur le flanc sud, a été fouillé, sans pouvoir atteindre le fond en raison d'une très forte accumulation de remblais lors de sa transformation en tourelle d'escalier à l'époque moderne. Une seule sépulture supplémentaire a été fouillée dans l'emprise du cimetière qui jouxte le flanc nord des bâtiments successifs édifiés à partir du Xe s. et dont on suppose que les plus anciens ont aussi rempli une fonction d'accueil. Sous un cailloutis exposé dans la partie centrale de la zone 4, qui devait appartenir à une aire de circulation, comme le prouve la présence d'ornières, en usage entre le milieu du IXe et le milieu du Xe s., les niveaux du haut Moyen Âge prennent la forme de terres noires au sein desquelles très peu de structures ont été identifiées (trou de poteau et fosses pour l'essentiel). Dans la partie orientale de la zone 4, la plus grande partie de ces niveaux de terres noires a été éradiquée lors de la transformation du rez-de-chaussée du bâtiment 5 en espace de stockage avec la construction au XIe s. de trois murets parallèles qui devaient porter un plancher et donc créer un vide sanitaire. Si les structures sont difficiles à reconnaître, le mobilier trouvé dans les terres noires suggère le travail de l'os, du bois de cerf, du plomb et du cuivre ; pour les matières premières communes avec celles qui ont été identifiées en zone 1, la question se pose de savoir si l'on a affaire au même atelier dont les déchets seraient très dispersés (plus de 50 m séparent les lieux de découverte) ou à des ateliers successifs, sachant qu'une large partie du mobilier en céramique contenu dans les terres noires est redéposé : le reste pourrait l'être aussi et donc être révélateur des activités conduites sur le site à la fin de l'Antiquité. L'étude de la tour des cloches (zone 5), l'édifice médiéval le mieux conservé du monastère, a été engagée dans le cadre d'un travail de master sur la base de relevés en plan, en élévation et en coupe et de quelques sondages extérieurs. Cette tour maçonnée en moyen appareil de tuffeau compte quatre niveaux, les trois premiers médiévaux, le dernier du XIXe s., une chapelle ayant été édifiée sur le niveau d'arasement du beffroi. Sa fonction de clocher séparé de l'église romane est assurée par les représentations anciennes comme par un texte de 1105 qui mentionne sa construction antérieure mais il convient d'analyser les modes de circulation d'un niveau à l'autre, notamment au moyen d'un escalier à vis, et les fonctions que pouvaient avoir les deux grandes salles superposées dont la plus basse est malheureusement comblée de gravats. Cet édifice, dans lequel subsistent des bois de construction dont l'analyse dendrochronologique est en cours, représente un maillon important dans le développement de la construction en moyen appareil en val de Loire. La tour des cloches est adossée au coteau qui est un élément structurant du monastère et dont l'examen systématique a été engagé cette année en procédant à la fois à un premier survol de la documentation textuelle et iconographique et à l'étude archéologique préliminaire des terrasses nord-ouest (zone 6), situées entre le portail de Sainte-Radegonde et l'ancien clocher. Les deux terrasses principales, dont les plans ont été dressés, comptent plusieurs cavités restaurées dans les années 1860-1880 ; l'une correspond à une partie troglodytique de l'ancienne chapelle Notre-Dame des Sept-Dormants dont subsistent des piliers et des arcs portant des traces de peinture. Des vestiges de la maison du Prieur des Sept-Dormants ont été également mis en évidence. La synthèse de données géologiques et géophysiques réalisée en 2012 a mis en évidence qu'une partie importante de l'emprise de l'enceinte actuelle de Marmoutier (zone centrale et méridionale notamment) est située sur une barre sédimentaire ayant évolué en île. Cette barre sédimentaire a pu se développer dès l'Holocène moyen (6,53±0,43 ka) et sa fixation définitive dans le paysage, donc son évolution en île, s'est effectuée entre 1,3±0,11 et 1,26±0,10 ka (OSL), c'est-à-dire entre les VIIe et IXe s. après J.-C. Avant le rattachement définitif de l'île à la berge, qui est postérieur aux VIIe-IXe s. et antérieur aux premières représentations iconographiques du site au XVIIe s., un chenal secondaire a isolé de manière plus ou moins pérenne l'île de la berge. En juillet 2013, trois nouveaux sondages ont été réalisés sur le tracé supposé du paléochenal dans le but d'observer toute la stratigraphie depuis la surface topographique actuelle jusqu'au substrat calcaire crétacé. Les résultats obtenus permettent de préciser le tracé du paléochenal dans la moitié occidentale de l'enceinte actuelle de Marmoutier ainsi que le schéma général de l'évolution du site. Les études sédimentaires et paléotopographiques ont montré que le paléochenal, même en partie comblé par des alluvions, constituait une dépression qui a été remblayée rapidement. Les datations par 14C en cours permettront de préciser la chronologie du comblement du chenal et de son rattachement ultérieur à la berge.
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Dates et versions

hal-01005442 , version 1 (12-06-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01005442 , version 1

Citer

Elisabeth Lorans, Thomas Creissen. Le site de l'abbaye de Marmoutier (Tours, Indre-et-Loire) Rapport 2013. 2013. ⟨hal-01005442⟩
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