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Chapitre D'ouvrage Année : 2005

L'art public sera discret ou ne sera pas

Résumé

"L'art public", beau pléonasme s'il en est, a d'abord désigné l'art de l'espace public. Son but affiché, encore aujourd'hui présent dans le règlement de nombreux fonds d'acquisition, est de décorer la ville. L'œuvre en ce sens est mise au service de la ville qui, pour arranger sa façade, a besoin d'une présence artistique pour emblématiser certains lieux, donner à voir certains bâtiments ou attribuer une valeur symbolique à certains équipements. Le public visé est le citoyen. C'est un "grand public" et l'œuvre tombe dès lors sous la menace d'être réduite à une fonction d'ameublement. "L'art public" a ensuite désigné l'art dans l'espace public. A la notion de décor, devenue taboue dans les milieux des concepteurs urbains ou des critiques d'art, s'est substituée celle de collection. Le but affiché, c'est désormais de créer une collection d'œuvres dans l'espace public de la ville. Celle-ci devient le support d'un "accrochage", au même titre que les cimaises d'une salle de musée qui, pour exister, a besoin de promouvoir certains artistes, révéler certaines tendances ou valoriser certaines créations. C'est cette fois la ville qui se met au service de l'oeuvre. Elle en est en quelque sorte la vitrine ou le support. L'artiste, lui, en est signataire, il impose sa patte et doit être reconnu, tandis que le lieu tend à s'effacer. Mais le public se fait plus maigre ou plus spécialisé et l'œuvre est bientôt menacée d'être ramenée au statut de curiosité. "L'art public" enfin, et c'est ce que nous souhaiterions suggérer, pourrait prochainement désigner un art pour l'espace public. Non plus décorer la ville ou collectionner des œuvres, mais générer de l'urbanité. Non plus viser la contemplation béate d'un grand public (pôle de la réception) ou la critique branchée d'un public spécialisé (pôle de la création), tous deux d'ailleurs également maintenus dans la position du spectateur, mais viser la relation à des publics variables, circonstanciels ou accidentels qui, acteurs et spectateurs à la fois, sont mis en situation par l'œuvre autant qu'ils mettent en situation l'intervention proposée – ce que par différence nous pourrions donc appeler le pôle de la situation.

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hal-00995434 , version 1 (19-06-2017)

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Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-00995434 , version 1

Citer

Pascal Amphoux. L'art public sera discret ou ne sera pas. Genève (GE). Fonds d'art contemporain and Cecconi, Joseph G. and De Cupis, Stefania and Chamberlin, Régis. Catalogue du Fonds d'Art Contemporain de la Ville de Genève. Collection 1991-2003, La Baconnière / Arts, pp.LXI-LXIV, 2005. ⟨hal-00995434⟩
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