L’ordre et la vie excluant le hasard : la démarche apologétique au XVIIIe siècle
Résumé
Chez Malebranche, le primat de l’ordre conduirait paradoxalement à l’interrogation sur le rôle du hasard sur l’absence de détermination. Mais Fénelon et ses successeurs cherchent le meilleur moyen de défendre un ordre du monde. Comme à la même époque dans l’Anti-Lucrèce de Polignac , Fénelon joue l’ordre, « l’assemblage des moyens choisis tout exprès pour parvenir à une fin précise », contre le hasard, « concours aveugle et fortuit des causes nécessaires et privées de raison » . Toute la méthodologie de sa Démonstration de l’existence de Dieu consiste à poser la nécessité d’une cause extra-mondaine identifiée à Dieu, contre le développement de causalités internes à l’univers physique et impliquant le rôle du hasard. Dans la même logique, Polignac décrit le matérialisme comme impliquant la production de la vie à partir de la matière, sous la forme d’une sorte de génération spontanée de l’ensemble des « êtres vivants éclos tous ensemble », organisés sous la motion du hasard . Il nous intéressera en tant que formalisant un déterminisme anti-matérialiste, destiné à exclure le rôle du hasard, en particulier dans l’apparition de la vie et le développement des espèces vivantes. L’alternative brusque entre le hasard et Dieu révèle une incapacité à imaginer des modèles rendant compte de l’embryogenèse des êtres vivants, de leur développement, a fortiori une incapacité à penser une explication rationnelle de l’apparition des espèces.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)