Le boléro entre folklore local et art cosmopolite
Résumé
Dès le dernier quart du XVIIIe siècle, l'identité musicale espagnole se traduisit dans le boléro dont les racines folkloriques furent revendiquées par des artistes, essentiellement des danseurs, appelés boleros. Perméables aux influences européennes, ceux-ci propagèrent l'école bolera dans tout le monde hispanique où elle s'enrichit d'apports afro-américains. Malgré cette évolution sur plus de deux siècles, le terme de " boléro " ne renvoie communément qu'à un dualisme assez récent. Souvenirs de ce " continent " disparu, l' " archipel " du boléro hispano-américain ou l' " îlot " que constitue la composition de Ravel émergent encore dans l'esprit de nos contemporains. Soit ils pensent aux rythmes populaires créoles se diversifiant en 1945 en boléro mauresque, boléro afro, boléro cha-cha-cha, boléro yucatèque, boléro mambo, boléro chanson, boléro rural mexicain, boléro rythmique, boléro tropical, boléro béguine, boléro rétro, boléro feeling ou latin jazz, et boléro rock. Soit ce mot leur évoque le Boléro en ut majeur pour orchestre qu'Ida Rubinstein commanda en 1928 pour une réalisation chorégraphique de Bronislava Nijinska à l'Opéra de Paris. Puisque ces références massivement divulguées par le phonographe et la radio, occultent aujourd'hui le boléro originel, cette étude se propose d'en confronter les aspects populaires et savants pour tâcher de déterminer la pertinence du folklore dans l'inspiration d'un art national. Si le mode, la gamme, la tonalité, le rythme, le tempo, la structure ou l'orchestration du boléro varièrent selon le lieu et l'époque, son air parvint-il à incarner l'Espagne dans le monde de la musique ?