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Communication Dans Un Congrès Année : 2010

Hraban Maur et les Germains

Magali Coumert

Résumé

Here, the Germanic peoples are considered as an historiographic object: these are peoples for which the practice of closely-related languages implies a common culture and past, allowing for a unified interpretation of their destiny. At the end of the first century AD, Tacite's Germanie was the first work to look at the different peoples that ancient ethnography classed as Germans. The rediscovery of this work in the 15th century sparked enthusiasm from humanists. Linguistics, defining a family of Germanic languages, then supported the Germanic people's claims to be the common ancestors of all peoples speaking this type of language, ultimately leading to equivalence, for 19th-century researchers like Jacob Grimm, between Germanic Antiquity and the German past. This is not a matter of identifying inconsistencies that imply a uniform and diachronic approach towards the history of the peoples of Germanic languages, but of showing the reformulation of the assumed common destiny of the Germans - an hypothesis based on recognition of their linguistic proximity in the early 9th century, and the role played by Hraban Maur in the establishment of this scholarly hypothesis. Previous works demonstrate that the linguistic question was neglected in order to draw together the origins and destiny of the different Barbarian peoples. For example, the Goths and the Lombards supposedly came from the same Nordic island of Scandia, whilst the Franks and the Bretons were related by their Trojan origins; at no time were the differences or the similarities between their different vernacular languages taken into account. On the contrary, in De inventione linguarum - a work whosethe link with the teaching of Hraban Maur is defended on the grounds of his students' works - a parallel is drawn diachronically between the destinies of different peoples because of their closely-related Germanic languages. Although this hypothesis is deeply revealing about the linguistic background of the different vernacular languages, it quickly became obsolete due to the political separation of the Empire, and is illustrative of the interpretation of Tacite's Germanie made by Rodolphe de Fulda - another Hraban Maur student - after the death of his master. Therefore, the hypothesis of a common destiny of the Germanic peoples is a scholarly construction derived from the proximity of the languages that, in the Renaissance period like in the Early Middle Ages, was only successful only when it came to support political claims.
Les Germains sont ici considérés comme un objet historiographique : il s'agit de peuples pour lesquels la pratique de langues proches fait supposer une culture et un passé communs, permettant une interprétation unifiée de leur destin. A la fin du premier siècle de notre ère, la Germanie de Tacite fut le premier ouvrage à envisager de façon systématique les différents peuples considérés comme des Germains par l'ethnographie antique. La redécouverte de cette œuvre à partir du XVe siècle suscita l'enthousiaste des humanistes. La linguistique, définissant une famille de langues germaniques, appuya ensuite la revendication des Germains comme les ancêtres communs de l'ensemble des peuples parlant ce type de langues, jusqu'à aboutir à l'équivalence, pour les chercheurs du XIXe siècle comme Jacob Grimm, entre l'antiquité germanique et le passé allemand. Il ne s'agit pas ici de montrer les incohérences que suppose une approche uniforme et diachronique de l'histoire des peuples de langues germaniques, mais de faire apparaître la reformulation de l'hypothèse d'un destin commun des Germains, s'appuyant sur la reconnaissance de leur parenté linguistique dans la première moitié du IXe siècle, et le rôle que joua Hraban Maur dans l'élaboration de cette hypothèse érudite. Les ouvrages antérieurs montraient la négligence de la question linguistique pour rapprocher l'origine et le destin des différents peuples barbares. Goths et Lombards étaient par exemple supposés originaires de la même île nordique de Scandie, tandis que Francs et Bretons étaient apparentés par leurs origines troyennes, sans que soit jamais prises en compte les différences ou les proximités entre leurs différentes langues vernaculaires. Au contraire, dans le traité du De inventione linguarum, dont est ici défendu le lien avec l'enseignement de Hraban Maur en raison des ouvrages de ses élèves, le destin de différents peuples est rapproché, de façon diachronique, en raison de leurs langues germaniques proches. Bien qu'elle révèle une grande acuité aux fondements linguistiques des différentes langues vernaculaires, une telle hypothèse devint rapidement caduque, en raison de l'éclatement politique de l'Empire, ainsi que l'illustre l'interprétation de la Germanie de Tacite faite par Rodolphe de Fulda, un autre élève de Hraban Maur, après la disparition de son maître. L'hypothèse d'un destin commun des Germains est donc une construction érudite à partir de la proximité des langues qui, à la Renaissance comme au Haut Moyen Age, ne rencontra du succès que dès lors qu'elle venait supporter une revendication politique.
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  • HAL Id : hal-00967380 , version 1

Citer

Magali Coumert. Hraban Maur et les Germains. Hraban Maur (vers 780-856), Jul 2006, Lille et Amiens, France. p. 137-153. ⟨hal-00967380⟩
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