La "clause de Locke" au service de "l'égaliberté" - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Mouvements : des idées et des luttes Année : 2010

La "clause de Locke" au service de "l'égaliberté"

Résumé

Le sens commun n'est pas prêt à justifier des écarts de 1 à 100 ou plus dans la richesse privée. Il se situe plutôt autour de 1 à 4 ou 51. Pourtant dans le même temps le sens commun n'est pas prêt non plus à s'y attaquer. La proposition de " revenu maximum " est rare dans les programmes politiques. L'argument le plus courant est indirect et kantien : c'est le respect inconditionnel de l'individu. Seule la sacralisation d'un noyau irréductible de " propriété de soi " peut éviter le totalitarisme. Cet argument est d'autant plus fort que les expériences grandeur nature d'abolition de la propriété privée et de " socialisation " ont effectivement donné naissance à des régimes très autoritaires, dans la plupart des cas, laissant peu de place à l'individu et concentrant d'immenses pouvoirs dans la main de quelques-uns. La question qui se pose désormais est de réussir à garantir les droits de l'individu contre la dictature de la majorité, sans pour autant que les droits de cette minorité soient les droits de la minorité dominante, que ce soient les droits des possédants comme c'est trop souvent le cas dans les théories libérales, ou les droits des représentants autoproclamés des opprimés comme ce fut trop souvent le cas des régimes socialistes. Les marxismes de leur côté ont eu tendance à faire de la " socialisation " un combat qui n'admettait aucune nuance en faveur de la propriété. A rebours de ces excès des travaux récents tels que ceux d'Etienne Balibar ou de Robert Castel cherchent dans une redéfinition de la propriété une solution à la tension entre liberté et égalité. Cela suppose de penser une instance de (re)distribution mais aussi les bornes de ce qu'elle peut s'approprier. Autrement dit doit être pensée ce que Balibar appelle " l'inaliénable "2. A la suite de ces travaux ainsi que ceux de Philippe Corcuff sur l'individualisme3 et de Catherine Samary sur l'autogestion4, nous voudrions montrer ici de quelle manière la discussion de la " clause de Locke " peut contribuer à fonder une nouvelle praxis de l'émancipation, en proposant une interprétation originale de l'inaliénable - de l'irremplaçable. Cette clause met des limites à l'appropriation privée mais ne l'abolit pas. Elle a à ce titre des implications émancipatrices qui pourraient être remobilisées dans un cadre plus large que celui qui était le sien à l'origine.

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hal-00958051 , version 1 (11-03-2014)

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Citer

Fabrice Flipo. La "clause de Locke" au service de "l'égaliberté". Mouvements : des idées et des luttes, 2010, 64, pp.79-86. ⟨10.3917/mouv.064.0079⟩. ⟨hal-00958051⟩
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