Potentialités de contacts entre mésolithiques et néolithiques dans le sud de la France
Résumé
In southern France, for 1980s, we often conceive the appearance of the Neolithic as the result of a process of colonization, a physical migration of farmers populations since Italy. By taking into account data of the absolute chronology and the geographical dispersion of the sites, we can model this Neolithic expansion in three main stages during the VIth and Vth millenniums before our era. First restricted to a very Mediterranean part of France, Neolithic economy earns little by little the inside lands, notably along the Rhône valley, to reach the Alps and the Jura mountains in the course of the third stage. In parallel of this model of expansion -- which is not new, of course --, ceramics styles, alone mobilized for defining the cultural facies of this era, evolve in a cycle which we can simplify under the succession: Impressa, Cardial, Épicardial/recent Cardial. Some authors mobilize the autochthonous populations of hunters collectors to explain the origin of some of these ceramics styles, in scenarios of exchanges, or even of acculturation. Very rich in social and historical involvements, these models collide nevertheless with an serious obstacle: the quasi full absence of Mesolithic sites on the coastal region at the time of the arrival of the Neolithic populations. In this paper, we thus attempt to map the potential zones where such contacts were able to take place in a big southeast quarter of France. To do it, we begin by establishing a chronological map of the last Mesolithic settlements and of the earliest Neolithic occupations. This cartography, which owes be the most precise possible, collides naturally with the big disparity of quantity and quality of radiocarbon datings according to periods and regions. The picture presented in this work is thus completely susceptible to evolve quickly according to new discoveries and datings. However, the confrontation of the actual available datings allows to measure the existing chronological distance between the last Mesolithic sites of a region or even of a site and the first Neolithic occupation of the same region or of the same site. Also, the overlapping of maps allows to measure the geographical distance between a Mesolithic site and the Neolithic closest and contemporary one. The quantification of those both distances, chronological or geographical, allows to draw the outline of geographical zones where contacts between these two populations were not able to have took place, because too much taken away, or on the contrary, zones where the chronological or geographical distances are low, making credible of possible scenarios of interactions. After all and as is data, such zones are rare: it is possible to identify only four, quite situated in periphery of the primary zones of development of the former Southern Neolithic. It is firstly in these places which it will be necessary to try in the future to refine our analysis of the possible exchanges having been able to take place between last hunters and first farmers.
Dans le sud de la France, depuis les années 1980, on conçoit généralement l'apparition du Néolithique comme la résultante d'un processus de colonisation, d'un déplacement physique de populations d'agriculteurs depuis l'Italie. En tenant compte des données de la chronologie absolue et de la répartition géographique des sites, on peut modéliser cette expansion néolithique en trois principales étapes couvrant l'essentiel des VIe et Ve millénaires avant notre ère. D'abord limitée à une frange très méditerranéenne de la France, l'économie néolithique gagne peu à peu l'intérieur des terres, notamment le long de la vallée du Rhône, pour atteindre les confins des Alpes et du Jura au cours de la troisième étape. En parallèle de ce modèle d'expansion, qui n'est évidemment pas nouveau, les styles céramiques, éléments à la base de la définition des faciès culturels de cette période, évoluent dans un cycle que l'on peut schématiser sous la forme : Impressa, Cardial, Épicardial / Cardial récent. Plusieurs auteurs mobilisent les populations autochtones de chasseurs collecteurs pour expliquer la genèse de certains de ces styles céramiques, dans des scénarios d'échanges, voire d'acculturation. Très riches d'implications sociales et historiques, ces modèles se heurtent toutefois à un obstacle de taille : l'absence quasi complète d'attestations de la présence de ces chasseurs collecteurs sur le littoral au moment de l'arrivée des populations néolithiques... Dans cet article, nous nous attachons donc à cartographier les zones potentielles où de tels contacts ont pu avoir lieu dans un grand quart sud-est de la France. Pour ce faire, nous commençons par établir une cartographie chronologique tant des dernières implantations mésolithiques que des premières installations néolithiques. Cette cartographie, qui se doit d'être la plus précise possible, se heurte bien entendu à la grande disparité de quantité et de qualité de mesures radiocarbones selon les périodes et les régions. Le tableau présenté dans ce travail est donc tout à fait susceptible d'évoluer rapidement en fonction des nouvelles découvertes et datations. Toutefois, en l'état actuel des données, la confrontation des datations disponibles permet de mesurer l'écart chronologique existant entre la dernière occupation mésolithique d'une région ou même d'un site et la première attestation néolithique de cette même région ou de ce même site. De même, la superposition des cartes permet de mesurer la distance géographique entre un site mésolithique et le gisement néolithique contemporain le plus proche. La quantification de cette double distance, en temps ou en kilomètre, permet de dessiner le contour de zones géographiques où des contacts entre ces deux populations n'ont pu avoir eut lieu, car trop éloignées, ou au contraire, des zones où les distances chronologiques ou géographiques sont faibles, rendant crédibles de possible scénarios d'interactions. En définitive et en l'état actuel des données, de telles zones sont rares puisqu'il n'est possible de n'en identifier que quatre, toutes situées en périphérie des zones primaires de développement du Néolithique ancien méridional. C'est prioritairement dans ces endroits qu'il faudra à l'avenir chercher à affiner notre analyse des éventuels échanges ayant pu avoir lieu entre derniers chasseurs et premiers paysans.