Le théâtre de Théophile Gautier, ou l'impossible réalité - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Bulletin de la Société de Théophile Gautier Année : 2010

Le théâtre de Théophile Gautier, ou l'impossible réalité

Résumé

Reconnaissons la fragilité et l'évanescence du théâtre de Théophile Gautier : ne semble-t-il pas écrit pour déjouer toute appropriation savante et échapper à la glose ? Voilà un théâtre en apesanteur, qui soumet le lecteur à l'injonction du titre de la comédie Regardez, mais ne touchez pas. Ce théâtre est surtout celui de la variété et de la diversité ; il ne creuse aucun sillon profond, multiplie les expériences éphémères et les appropriations passagères, passe furtivement du mystère (Une larme du diable) à la bastonnade (Le Tricorne enchanté), explore la comédie de cape et d'épée (Regardez mais ne touchez pas), l'arlequinade (Pierrot posthume), le proverbe dramatique (La Fausse Conversion ou Bon sang ne peut mentir), le vaudeville (Un voyage en Espagne), le mélodrame (La Juive de Constantine), même les couplets d'opéra-comique (Maître Wolfram) ; il n'omet pas de fournir prologue ou poème en vers à quelques événements contemporains (l'ouverture de l'Odéon, un anniversaire de Corneille) ou à quelques œuvres jugées novatrices (Falstaff de Meurice et Vacquerie, Henriette Maréchal des Goncourt). L'on pense, au rappel de ce répertoire succinct et mobile, comme travaillé par la conscience du transitoire, à une autre injonction devenue adage - que Gautier aurait pu faire sienne pour quelque titre de proverbe dramatique : " Glissez mortels, n'appuyez pas ". Théâtre modeste donc, comme écrasé par la masse des feuilletons dramatiques écrits par son auteur, trop lucide face aux travers et aux simplismes de la scène contemporaine : le compte rendu des œuvres d'autrui n'a-t-il pas limité et occulté la création théâtrale propre ? La production dramatique de Gautier ne serait-elle pas offusquée, aussi, par le génie narratif des romans où le théâtre idéal trouve refuge - au chapitre xi de Mademoiselle de Maupin comme dans Le Capitaine Fracasse ? Le ballet, peut-être à cause du succès durable de Giselle, parce que la reconnaissance scénique fut gagnée dans ce genre, constitue à nos yeux le seul véritable lieu d'accomplissement de Gautier dramaturge. Regrettons que le corpus poétique du maître, lorsqu'il intègre les vers colorés, variés, éclatés du Tricorne enchanté ou ceux de Pierrot posthume, condamne ces pièces poétiques mais aussi dramatiques (et comiques !) à demeurer enfermés dans le livre : à rester lettres mortes.

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Domaines

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Dates et versions

hal-00914283 , version 1 (05-12-2013)

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  • HAL Id : hal-00914283 , version 1

Citer

Olivier Bara. Le théâtre de Théophile Gautier, ou l'impossible réalité. Bulletin de la Société de Théophile Gautier, 2010, 32, pp.9-25. ⟨hal-00914283⟩
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