Les "faux Delfini" du XVe siècle : notables ruraux et souci de noblesse à la fin du XVIIIe siècle
Résumé
en 1786, le procureur du roi et le juge royal de la juridiction de la Porta saisissaient au Carogno de Casàcconi les papiers du faussaire Bernardino Delfini de Gavignano. Ce dernier rédigeait depuis quelques mois des faux, en général datés du milieu du xVe siècle, établissant l'ancienneté de la noblesse de nombreuses familles de notables ruraux du Deçà des Monts. Depuis 1772, des bourgeois bastiais, ajacciens ou calvais, des descendants des féodaux du Delà des Monts ou du Cap Corse, des familles d'officiers au service du roi de France, d'autres encore, avaient bénéficié d'une première vague d'anoblissement. Les notables ruraux avaient, en général, été laissés de côté et étaient maintenant en quête d'une noblesse qui leur permettrait certes de se distinguer dans la société villageoise. Pour cette reconnaissance, ils devaient déposer auprès du Conseil supérieur des pièces justifiant l'ancienneté de leur noblesse. C'est là qu'intervient Bernardino avant que la justice ne s'en mêle. trois ans plus tard, le cahier de doléances du tiers état insulaire offre encore un écho de leurs espérances, qui seront bientôt évanouies. Ces faux pourtant grossiers ont continué de vivre dans la mémoire des familles, tandis que les pièces de l'enquête menée en 1786 sur l'activité de Bernardino Delfini dormaient aux Archives départementales.